Le débat autour de l'euthanasie a été relancé la semaine dernière par deux affaires médiatico-judiciaires. D'un côté, le cas du docteur Bonnemaison, désormais acquitté, qui avait précipité la mort de sept malades en phase terminale à l'aide d'injection létale sans l'accord de la famille ni de ses collègues. Et,d'un autre côté l'éternelle, indécision autour de l'affaire Vincent Lambert, un trentenaire dans un état de «conscience minimale» à la suite d'un grave accident de la route survenu en 2008.
Le sujet ne laisse pas indifférente l'opinion, loin de là. Les Français sont, à 89%, favorables au vote d'une loi visant à autoriser l'euthanasie, selon un sondage BVA Opinion réalisé le 26 juin auprès de 979 personnes. Contrairement à une idée reçue qui voudrait que les personnes les plus âgées soient les plus conservatrices sur un sujet à forte dominante éthique, les 65 ans et plus sont presque unanimes (98%) à se prononcer pour une telle loi. La tranche d'âge pour laquelle «la fin de vie est un fait concret» se sent, il est vrai, plus concernée.
Désaccord sur le décisionnaire
Selon Céline Bracq, directrice de BVA Opinion, cette réalité n'est pas nouvelle et démontre que l'euthanasie est «un sujet consensuel dans la société française». En 1987, un sondage effectué par TNS Sofres indiquait déjà que 85% des Français étaient favorables à l'idée «qu'un malade soit aidé à mourir à sa demande».
Mais si une écrasante majorité s'exprime ainsi en faveur d'une loi, il n'y a pas consensus sur la personne qui doit décider de l'euthanasie. Un désaccord sépare ceux qui favorisent la décision familiale de ceux se prononçant plutôt pour une décision extérieure (médicale ou judiciaire). Bien que la primauté familiale l'emporte avec 53% des votes, la responsabilité du médecin semble être également reconnue (41%), à l'inverse de la décision judiciaire qui n'est jugée légitime que par 6% des Français, quoiqu'il faille préciser que les répondants n'avaient pas la possibilité d'exprimer des choix multiples. «Pour plus de la moitié des Français, l'euthanasie est une histoire privée et pas une histoire médicale», résume Céline Bracq.
L'opinion presque unanime en faveur d'une loi autorisant l'euthanasie ainsi que les deux récentes affaires pourraient presser le gouvernement à réagir. Alors que François Hollande avait promis lors de sa campagne présidentielle de légiférer sur l'euthanasie, le gouvernement tarde. Dernièrement, il a indiqué proposer un aménagement de la loi Leonetti d'ici la fin de l'année. La phase terminale?