Face aux critiques et sanctions, la chaîne d’info CNews a pris une série d’engagements pour favoriser le pluralisme devant l’Arcom qui décide du renouvellement de sa fréquence.
Il y a eu « quelques dérapages, inconvénients » mais « nous cherchons à y remédier avec une organisation qui permet de bétonner nos informations », a assuré Serge Nedjar, directeur général de CNews, auditionné par l’Arcom lundi 15 juillet au matin avec les autres responsables de la chaîne devenue leader en parts de marché en mai devant BFMTV, et rentable depuis mars. Elle espère renouveler son autorisation de diffusion sur la TNT qui prend fin en 2025.
CNews est régulièrement rappelée à l’ordre par l’Arcom. La semaine passée, deux amendes d’un total de 80 000 euros ont été rendues publiques, pour « manquements » à ses obligations lors d’un débat consacré au projet de loi immigration et pour des propos climatosceptiques. « Les Français ont particulièrement besoin d’être informés de manière honnête et rigoureuse », a souligné Hervé Godechot, un des conseillers de l’Arcom.
« On a prévu de renforcer la rédaction » sur les sujets politiques, police-justice et économiques, a affirmé Serge Nedjar, dont l’équipe compte 200 journalistes. « Nous allons mettre en place une direction du pluralisme », avec l’embauche de « 4-5 personnes », a renchéri Gérald-Brice Viret, directeur général de Canal + France. Cette annonce découle de la décision du Conseil d’État, qui a exigé que l’Arcom renforce son contrôle du pluralisme sur CNews, la chaîne dérivant vers « un média d’opinion » selon Reporters sans frontières.
Alors que CNews se concentrait jusqu’alors sur l’équilibre des temps de parole politiques, la nouvelle direction du pluralisme veillera « à la pluralité des thématiques, des intervenants et des opinions », a indiqué Gérald-Brice Viret. CNews « ne prétend pas, quoi qu’en disent certains, former l’opinion publique », a-t-il insisté.
Indépendance de la rédaction
L’évocation de la décision du Conseil d’État a donné lieu à des tensions. Elle « n’est concrète en rien » et « nous attendons la délibération de l’Arcom », a lancé le président du directoire du groupe Canal +, Maxime Saada, pressé par le régulateur de prendre des engagements précis.
La question sensible de l’indépendance de la rédaction a aussi été abordée, en lien avec des interventions prêtées à son propriétaire. Le quotidien Le Monde a affirmé que le patron de LR Éric Ciotti « a orchestré avec Vincent Bolloré l’annonce de son ralliement au RN ». Mais « l’actionnaire n’est jamais intervenu sur le contenu éditorial », a martelé le directeur général de CNews. Au-delà, Serge Nedjar a défendu le modèle de la chaîne, pas « un robinet à infos » mais qui apporte « de l’éclairage », avec des experts et éditorialistes en plateau.
La part « d’information stricte » (environ un tiers du temps d’antenne) peut-elle augmenter ? Les dirigeants de CNews vont « y réfléchir », ont-ils répondu au président de l’Arcom, Roch-Olivier Maistre. Il n’est pas question non plus que des incidents se reproduisent, comme en février lorsque l’avortement a été qualifié de « première cause de mortalité dans le monde ». Tout sera contrôlé à l’avance, a promis Thomas Bauder, directeur de l’information.
En début d’année, le rapporteur de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur l’attribution des fréquences TNT, le député LFI Aurélien Saintoul, a affirmé qu’il « ne comprendrait pas que les chaînes CNews et C8 puissent se voir en l’état renouveler leurs autorisations de diffusion ». Selon lui, elles vivent « de l’abus » et « du contournement des règles ».
Vingt-quatre candidats sont en lice dans cette procédure de renouvellement. Les chaînes retenues seront révélées fin juillet.