Télétravail ou retour au bureau, le débat est ouvert. D’autant que l’on assiste à un inversement des tendances des plus étonnants. Si de plus en plus de collaborateurs ne demandent qu’à revenir au bureau et se réunir autour de la machine à café, depuis plusieurs années pourtant, les salariés bataillaient pour plus de flexibilité vis-à-vis du télétravail. Celui-ci était souvent peu accepté par les entreprises, pour des raisons de culture interne ou simplement par manque d’équipements et d’outils informatiques.
Avec la pandémie, les entreprises ont été contraintes à généraliser le télétravail. Mais aujourd’hui, force est de constater que de nombreux salariés sont en manque de rapport humain avec leurs collègues et se sentent démotivés, au point de devenir de vrais « Zoombies », pour reprendre la formule du sociologue et philosophe des sciences Bruno Latour. Las de la vacuité sociale du télétravail, un nombre croissant de collaborateurs souhaite reprendre le chemin du bureau. Alors où faut-il placer le curseur pour trouver un équilibre dans l’environnement de travail de demain ?
Avant la pandémie, il existait une certaine défiance de la part des décideurs d’entreprise vis-à-vis du télétravail, souvent par crainte de perte de productivité et de contrôle du travail. Fort heureusement, cette défiance décline, et c’est bien l’opposé qui se réalise : les salariés sont plus productifs, réactifs et autonomes. Les outils de collaboration mis à disposition des équipes ont permis de garder le lien avec l’entreprise et les collègues, et d’assurer une communication fluide et rapide entre tous.
Les conditions de travail initiées pendant la pandémie ont fait leurs preuves : les entreprises qui disposaient d’outils de collaboration et qui ont équipé leurs salariés du matériel adéquat ont réussi à maintenir une croissance solide, malgré un contexte peu favorable. Toutefois, il faut savoir rester attentif au bien-être des collaborateurs : le télétravail peut, à la longue, baisser leur moral, notamment à cause de la difficulté à se déconnecter et à préserver son équilibre entre vie personnelle et professionnelle. En étant chez eux, les collaborateurs sont constamment connectés. Ce phénomène s’observe davantage pour les entreprises qui ont des collaborateurs dispersés à travers le monde avec le décalage horaire notamment.
Susciter l'engagement pour maintenir le lien
Pour maintenir le lien entre les collaborateurs et avec l’entreprise elle-même, l’objectif est de susciter l’engagement des salariés. Que cela passe par des réunions informelles comme des déjeuners virtuels, la mise en place de séances de sport ou de méditation à distance entre collègues, les entreprises ont souvent été très créatives pendant la pandémie. Et les effets ne se sont pas fait attendre : les collaborateurs ont apprécié leur nouvel environnement de travail, et cela s’est ressenti directement sur l’activité de l’entreprise : des collaborateurs heureux ont fait des clients heureux.
Plus l'engagement est élevé, plus le niveau de performance s’améliore et la fidélisation devient importante. Une étude menée par la Harvard Business Review a estimé qu'un faible niveau d'engagement des employés pourrait coûter aux employeurs plus de 300 milliards de dollars chaque année en perte de productivité. Attention donc à ne pas le négliger et à ne pas perdre de vue que l’humain doit rester au centre de ces nouveaux modes de travail.
Le consultant américain Dov Seidman l’explique très bien : « Nous sommes passés d’une économie industrielle – où l'on embauchait des bras – à une économie de la connaissance – où l'on embauche des têtes – en nous dirigeant de plus en plus à présent vers une économie humaine – où l'on embauche des cœurs. »
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