Tribune
La brutalité et le manque de respect aux équipes agences sont monnaie courante chez certains annonceurs. Il est temps que ça change.

Quelle fin de semaine sur le compte Instagram @balancetonagency. Des gens courageux, visiblement à bout, ont osé dénoncer les pratiques managériales d’un annonceur (et pas n’importe lequel d’entre eux). Ils ont finalement dit tout haut ce que tout la profession sait depuis toujours : certains annonceurs manquent non seulement du respect élémentaire dû aux équipes agences, mais font aussi preuve, parfois, d’une grande brutalité à leur égard (tout en publiant sur Linkedin, pour certains, des posts si mignons autour du leadership, du «good», du «care»).

Trop de pratiques parfaitement inacceptables ont été acceptées, au fil du temps, côté agences, toutes surprises de voir la valeur de leur travail et de leur expertise insuffisamment respectée, considérée, valorisée (pratiques qu’un annonceur, d’ailleurs, ne se permettrait jamais face à un cabinet conseil).

Il faut, bien entendu, tenir ces annonceurs (et leurs managers) comme responsables de la situation. Rien de nouveau sous le soleil : certains individus en situation de pouvoir tirent un grand plaisir à fouetter leurs équipes. On espère toutefois que la parole enfin libérée côté agence (merci BTA) agira comme un aiguillon puissant, planté dans le c.. de ces managers d’un autre âge.

Double discours

On se permettra quelques petits rappels à destination de ces annonceurs encore dotés d’une armature morale, mais qui, de temps à autre, franchissent la ligne rouge : on peut - mais on ne devrait pas - briefer dix agences pour un budget de 150K. On peut - mais on ne devrait pas - briefer les équipes le 21 décembre pour un retour le 3 janvier. On peut - mais on ne devrait pas - menacer son agence de remise en compet' pour renégocier ses honoraires à la baisse.

Mais il convient, aussi, de pointer du doigt les manquements de la profession, et, notamment, de ces dirigeants d’agences (ou de l’AACC), qui pourtant signent régulièrement des papiers sur la bienveillance ou sur la priorité qu’ils disent accorder au «collectif». Il y a quelque chose de très surprenant à insister, dans la presse spécialisée ou dans les séminaires internes, sur l’importance des talents et du collectif, tout en acceptant tout de la part d’un annonceur. Pire, tout en infligeant soi-même une pression infernale à ses propres équipes, au nom, évidemment, de la marge. Comment ces dirigeants d’agence, ou de groupes, peuvent-ils imaginer s’en tirer avec de tels propos, alors que leurs équipes sont constituées de gens tout de même très futés et plus cyniques que la moyenne ?

Comprenons-le bien : c’est ce double discours-là qui tue la profession, plus encore que les pratiques de clients pourtant peu recommandables.

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