Tribune
Les métaphores et les images sont partout. Dans le langage, au quotidien, nous vivons avec elles, au milieu d’elles. Les images sportives n’échappent pas à la règle. Ou comment une journée, en télétravail, peut se révéler un sport olympique.

Cette journée s’annonce sportive. Un marathon de conf calls toute la matinée, trois présentations à tomber, c’est sûr, je vais suer.

Après un petit-déjeuner au pas de course, je prends position face à l’ordinateur, dans les starting-blocks. Ce n’est pas mon galop d’essai et je n’ai, pour ce premier meeting, que des bonnes nouvelles à présenter : dopées par le confinement, les ventes de ma marque de joggings battent des records. À moi la médaille d’or.

9 heures 35, tout le monde est connecté, le coup d’envoi est donné. Je me lance, mais internet rame. Faux départ. Grâce à mon collègue qui prend le relai, je réussis à remonter en selle. Nous finissons par marquer des points.

13 heures, l’heure de penser au ravitaillement. Celui-ci aura lieu à domicile car le chronomètre continue de tourner.

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Cette matinée n’était qu’un échauffement en comparaison de l’épreuve qui m’attend maintenant : appeler ma mère, championne du monde de coups en dessous de la ceinture. Elle démarre sur les chapeaux de roue en accusant mon père de perdre les pédales. Je m’escrime à la calmer, mais la dispute escalade. Je déteste devoir jouer les arbitres entre eux. Dring ! Sauvé par le gong, le livreur Deliveroo. Aïe, ils ont oublié le Paris-Brest. Le livreur renvoie la balle au restaurant, qui botte en touche.

14 heures, il faut changer de braquet. Surfant sur le succès de ce matin, je compte bien transformer l’essai.

17 heures, petite pause technique. Les enfants de retour de l’école, il faut faire le grand écart entre eux et le travail. Je suis à deux doigts de jeter l’éponge.

18 heures, dernière ligne droite. Au prix de quelques acrobaties, et en évitant les tacles de mon directeur, j’arrive au bout de cet ultime round de réunions. «J’avais placé la barre haut, me dit-il, mais vous avez fait un grand chelem.» Assis sur ma chaise dont je n’ai pas bougé de la journée, je me dis que ce soir, je me couche tôt : je suis KO.

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