Du 18 au 24 novembre, c’est la Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes en Situation de Handicap (SEEPH). Emploi et handicap. Antinomique ? Et pas qu’un peu. Surtout dans la pub… Mais pas seulement : la France compte 700 000 autistes, 80 % d’entre eux est au chômage.

Lors des DuoDay (1), pendant la Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes en Situation de Handicap (SEEPH), une personne en situation de handicap découvre une entreprise, un métier, accueillie par un professionnel bienveillant. Un rendez-vous crucial dans la communication comme ailleurs. En témoigne le parcours de Pierre chez DDB depuis 2 ans, en mission, après un premier DuoDay justement. Il fait du motion design et de la modélisation 3D pour le budget McDo avec Delphine qui l’accompagne en tant que directrice de création. Pierre est créatif chez DDB. Point barre. Accessoirement, il est Asperger. Mais c’est possible d’être handicapé et de travailler dans la publicité : le talent est là.

Créée il y a 3 ans au sein d’un ESAT (établissement et service d’accompagnement par le travail) par l’association des Papillons Blancs de la Colline, Atypic est une structure qui fonctionne comme une agence de pub. Une vraie. La différence, c’est que 100 % des 8 créatifs sont autistes. Ils sont formés et étayés par des DA, graphistes, directeurs de création, free-lance et travaillent sur des vrais projets, en mode ping-pong. Avec comme objectif final, l’inclusion et l’emploi. Je rencontre beaucoup de responsables d’agences de pub, de référents handicap, de RH : « Quelle idée géniale, c’est formidable ce que tu fais, c’est vraiment un beau projet. » Merci. Sincèrement merci.

Mais, maintenant ? On fait quoi ? Rien de très compliqué : une journée de découverte, et puis si ça colle, un stage d’une ou deux semaines. Puis, un stage plus long. Et puis une mission de 6 mois ou un an. Et puis un CDD ou un CDI. Le chemin est comme les autres, comme tout le monde. Il faut juste un peu de temps pour se découvrir. Genre 30 minutes. Comprendre les particularismes, les besoins, les compétences, les accompagner. Comme pour les autres, comme tout le monde.

Mais la différence alors ? Après un DuoDay, un directeur de création m’a dit : « Ce qui est formidable, c’est que non seulement j’ai changé de regard sur l’autisme mais surtout ça m’a fait changer moi, au-delà du sens, j’ai changé ma façon d’être avec les équipes, fini les briefs dans le couloir, fini les gueulantes, fini de ne pas écouter. Juste comprendre qu’il faut un peu de temps pour partager, être un plus attentif et pédagogue. Ce petit pas de côté que l’on devrait tous faire pour mieux travailler ensemble. »

« Juste prendre 30 minutes »

Alors maintenant à moi de prendre le temps d’expliquer que le temps est long pour ces jeunes qui attendent et que oui les autistes ont le droit de travailler, comme tout le monde. C’est même la loi qui le dit. Il suffit de les former et de faire la démonstration de leurs compétences et de leur talent. Ils sont des ressources hors normes pour les agences. Il ne suffit pas de nous dire qu’on est formidables de faire ce que l’on fait, il ne suffit pas de s’exclamer devant sa télé pendant les Jeux paralympiques, il ne suffit pas de regarder Les Rencontres du Papotin le samedi soir une larme à l’œil. Maintenant on fait comment ?

L’indépendance, l’autodétermination, l’autonomie, la liberté de choisir sa vie, son métier, avoir un logement à soi : la clef, c’est le travail, l’emploi, le job, un taff. Un contrat. Il manque juste un petit truc en plus aux enthousiastes pour réaliser le rêve de ses jeunes. Un peu de curiosité, un peu de temps, un peu de courage.

On a des idées de prolongation des DuoDay, avec des DuoWeek, des DuoMonth, des missions pour des agences et leurs clients. On va continuer avec nos agences partenaires DDB, le groupe Publicis, TBWA, en convaincre d’autres. On voudrait avancer avec l’AACC. Et on va y arriver. Mon seul rêve c’est que ces jeunes au parcours de vie souvent (toujours) chaotique, soient des créatifs, comme tous les créatifs, dans le monde merveilleux des agences ordinaires. Qu’ils puissent faire le métier qu’ils ont choisi, dans lequel ils sont bons, et dans lequel ils s’épanouissent. Des créatifs extraordinaires.

Des aides il y en a. Des conseils on vous les donne. Reste à décider que l’inclusion est possible. Et arrêter de trouver des mauvaises raisons, d’avoir peur de ne pas savoir faire. Il faut juste prendre 30 minutes pour écouter et comprendre. Comme tout le monde. Pas plus.

(1) Opération pilotée chaque année par l’ALGEEI en collaboration avec le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités.

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