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Le nouveau directeur du digital d’Havas Paris, Paul Boulangé, a pour mission de doubler la contribution du digital à la marge brute de l’agence. Un défi à la mesure de ce manager qui ne cache pas son goût du risque.

«C'est dans le taxi qui nous conduisait à une présentation clientèle chez un grand groupe que Paul m'a annoncé que ce serait finalement moi qui ferais le pitch, se rappelle Ségolène Déchaux, aujourd'hui responsable marketing digital international chez Clarins Fragrance Group. Ce n'était pas prévu et je ne l'avais jamais fait auparavant.» A l'époque tous deux travaillaient chez Fullsix et Paul Boulangé était son manager. «Finalement la présentation s'est bien déroulée et je me suis dit après coup qu'il avait senti que c'était le bon moment pour moi», se souvient son ex-collaboratrice.

Pour Paul Boulangé, 38 ans, nouveau digital manager d'Havas Paris depuis septembre, la prise de risque est un leitmotiv. Et un sujet central en entretien d'embauche: «Avez-vous envie de vous mettre en danger?», demande-t-il systématiquement aux candidats.

La mise en danger est au programme chez Havas Paris. A la tête d'une équipe digitale d'une quarantaine de personnes (conseil, planning stratégique, direction de projets, experts en architecture de l'information, ergonomie, contenus, mobile...), il a un objectif ambitieux: porter, d'ici à 2015, la part du digital de 22 à 40% de la marge brute de l'agence (53 millions d'euros cette année). Chez Havas Paris (300 salariés), sa mission dépassera donc largement les frontières du département digital.

«Je lutte contre l'idée reçue selon laquelle, dans le digital, tout le monde est entrepreneur, s'énerve Paul Boulangé. Je constate souvent l'inverse: il y a tellement d'experts différents (UX, search...) qui jargonnent que cela peut vite créer des situations sclérosées et de l'immobilisme. Il y a besoin de multitransversalité.» Le directeur du digital n'hésite d'ailleurs pas à recruter des non spécialistes du domaine: «L'envie d'apprendre peut être un moteur plus puissant.»

 

Un fédérateur

Chez Havas Paris, dont les plus gros budgets sont EDF/ERDF, Orange, LVMH, Veolia et McDonald's (un client qu'il a géré chez DDB, son précédent employeur), Paul Boulangé entend s'appuyer sur le digital pour «inventer des services au croisement de la création et du business».

Selon son ex-collaboratrice, Ségolène Déchaux, il a un vrai talent «pour faire adhérer tout le monde à un projet, même dans des délais un peu dingues et à un rythme très soutenu. Chez Fullsix, nous formions une sorte de clan autour de lui». Logique pour un ancien joueur et entraineur de basket, qui a occupé le poste de meneur de jeu et exercé pendant deux ans au centre de formation du PSG de 1997 à 1999.

Un mode de management «par l'envie» confirmé par Jean-Guy Saulou, directeur exécutif digital de Publicis France, son ancien patron chez Fullsix: «Il a des capacités d'empathie par rapport aux besoins des clients et des équipes, mais surtout, il peut en même temps fixer un cap stratégique et faire de l'opérationnel, en débloquant les équipes sur des sujets techniques.» On touche aussi aux limites de ce management: «Il peut être parfois trop empathique, conclut Jean-Guy Saulou. Dans certains cas, il faut brusquer un peu les gens, réaliser des coupes franches. Sur ces sujets-là, il sera moins à l'aise.»


Son parcours en bref

 

1975. Naissance à Amiens (Somme).
1997. Maîtrise en marketing et communication au Celsa.
1999. Master en stratégie marketing et études à Sciences Po Paris.
2001. Consultant chez Novedia.
2003. Consultant nouveaux médias chez Because.
2005. Consultant puis directeur associé de Fullsix.
2011. Directeur associé chez DDB Paris.
2013. Directeur du digital de Havas Paris.

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