Une grande partie des salariés franciliens va être contrainte au télétravail pendant la période des JO. Alors que le syndrome des «tracances», où la frontière entre travail et vacances s’estompe, comment s’organiser et rester concentré malgré l’envie de participer, au moins à distance, à un événement unique ? Adoptez les habitudes des champions !
À quinze jours de l’ouverture des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, il est grand temps pour les Franciliens d’organiser les conditions de leur télétravail. En effet, 90% des salariés Franciliens se voient proposer des aménagements par leur entreprise pour la période des Jeux, soit en permettant plus de télétravail (45%), soit en adaptant leur activité y compris les horaires de travail (34%), selon une enquête de la plateforme de gestion des avis clients Review.Jobs by Custplace[1].
Alors que les vacances pointent leur nez, 37 % des employés franciliens prévoient d’étendre leur séjour sur leur lieu de vacances et de travailler à distance, selon une étude réalisée en 2023 par IWG, entreprise de gestion d’espaces de coworking. Mais entre la déconnexion liée à la villégiature, les enfants en vacances et la tentation de suivre les épreuves des Jeux, comment rester concentrer ? Selon une étude OpinionWay pour SD Worx, 35 % des salariés prévoient de regarder les épreuves même si elles ont lieu pendant les horaires de travail… « L’erreur pour un manager serait de faire comme s’il n’y avait pas les JO », alerte Flavien Chantrel, directeur éditorial de Hellowork Group. « En télétravail, si un salarié veut suivre une épreuve, il le fera de toute façon », constate Nicolas Marette, fondateur et CEO de Custplace.
Face à ce défi organisationnel, voici quelques conseils pour organiser votre travail à distance, surtout si vous optez pour du télétravail en villégiature et que les risques de la confusion travail-vacances des « tracances » vous guette entre votre ado qui démarre sa journée avec un petit-déjeuner-pas-rangé à 11h et votre compagne ou compagnon qui prépare l’apéro dès 17h...
- Se choisir un plan d’entraînement
À la différence du confinement sanitaire, cette période de télétravail a pu être anticipée par les entreprises et les salariés. En réalité, les entreprise l’ont relativement peu anticipée (lire notre article Les entreprises peu préparées aux épreuves, dans Stratégies n° 2220, du 30 mai). C’est donc aux salariés d’assurer le coup au mieux… dans le délai très court qui reste. « Si vous n’avez pas encore eu des consignes précises de la part de votre employeur, demandez-les », recommande Flavien Chantrel. « On parle d’une période de trois semaines où il faut organiser rigoureusement son travail », poursuit-il.
- Adoptez la préparation mentale
Les grands champions ont tous leur rituel juste avant une épreuve : certains s’isolent avec un casque et de la musique, d’autres font des exercices de relaxation… Ce moment ritualisé leur permet de se concentrer sur les moments clé de l’épreuve. « Adoptez, vous aussi, votre petit rituel matinal », conseille Jeanine Roncati, coach, co-autrice de l’ouvrage Le Télétravail pour les nuls (First). « Cela permet de marquer formellement la frontière entre vie privée et vie professionnelle », souligne-t-elle.
- Fixez-vous un (des) objectif(s) intermédiaires
Le sportif ou son coach savent précisément le temps ou la performance idéale qu’ils visent et toute leur préparation prend appui dessus. « La définition d’objectifs clairs permet de faire en sorte que la question des horaires ne soit plus un sujet de discussion », estime Marian Pumir de Louvigny, senior product manager à Factorial France, entreprise qui propose des solutions RH pour les PME. Il s’agit des objectifs professionnels, mais aussi des épreuves que vous souhaitez absolument suivre. Celles-ci doivent être clairement identifiées et faire l’objet d’une discussion avec votre manager. « Il s’agit d’une question de confiance mutuelle », poursuit Marian Pumir.
- Établissez un calendrier
Un nageur ou un marathonien le savent : leur quotidien est rythmé par des entraînements à horaires réguliers. « Il faut s’imposer une certaine rigueur ; on ne se trouvera pas forcément dans une ambiance propice au travail et on va être encore plus sollicités que d’habitude par des stimuli extérieurs », constate Jeanine Roncati. « Si je veux suivre une épreuve olympique, est-ce que cela ne va pas porter préjudice à mon activité, à ma productivité ou à l’organisation de l’équipe ? », souligne-t-elle encore. D’ailleurs, 39 % des salariés souhaitent que leur entreprise prévoie des retransmissions des épreuves sur le lieu de travail, selon l’étude d’OpinionWay pour SD Worx.
- Rejoignez votre salle d’entraînement
Les entraînements ont lieu dans le gymnase habituel de l’athlète ; celui-ci y a ses habitudes, sait où sont rangés ses accessoires. Il doit en être de même en télétravail, d’autant que le phénomène de « tracances » brouille les frontières, comme le souligne Christophe Burckart, directeur général d’IWG France. Le « leader mondial des espaces de travail flexible » (Regus, Spaces, etc.) propose à ses clients des solutions adaptées au JO. Les entreprises clientes se voient par exemple exonérées de redevances pour juillet et d’août.
- Jouez collectif (même si vous pratiquez un sport individuel)
Le collectif joue un rôle déterminant dans la préparation sportive. Les adeptes de la course à pied savent ce qu'il en est. En groupe, l’entraînement quotidien est plus facile, on se challenge mutuellement, on partage ses trucs d’entraînement… « Alors que les collaborateurs ne vont probablement plus se voir de juillet à septembre, il y a un risque de perte de connexion à l’entreprise, alerte Arnaud Katz, cofondateur et CEO de Kactus. La question du team building devient donc cruciale. » Confronté à cette problématique, le patron de la plateforme de réservation de lieux événementiels (100 salariés), a organisé une soirée d’été avant départ en télétravail, une visio par semaine, des réunions le soir autour de sujets sport et travail et prévoit un séminaire « de reconnexion » à la rentrée.
- Après une bonne séance, relâchez-vous
Les grands champions le savent, les séances de relaxation sont la clé de la performance. Il en va de même pour le travail. Les moments de socialisation sont indispensables. En télétravail, ceux-ci ont tendance à se diluer ou à disparaître. Il faut donc les anticiper et les organiser. « Ces Jeux représentent un moment par essence fédérateur, dont les entreprises peuvent encore se saisir pour créer du lien au sein des équipes. Ne serait-ce qu’en communiquant mieux sur le sujet, ou en proposant tout simplement des moments de convivialité pour regarder, ensemble, la retransmission de certaines épreuves. Il serait dommage de ne pas se saisir de cette occasion », estime Nicolas Marette, fondateur et CEO de Custplace. D’autant que, selon l’enquête OpinionWay, 44 % des salariés considèrent que Paris 2024 devrait être le point de départ d’une nouvelle organisation RH durable au sein de leur entreprise.
[1] 512 salariés d’Île-de-France interrogés du 20 au 27 mai 2024.