Ressources humaines
Une étude de la Cegos pointe la frilosité des entreprises de l’Hexagone à confier des fonctions de manager à des moins de 30 ans. Une exception française.

La France bride-t-elle ses jeunes managers? Oui, selon la récente étude de l'observatoire Cegos «Les jeunes et le travail». Réalisée ces douze derniers mois sur un échantillon de 3000 jeunes actifs âgés de 20 à 30 ans, elle apporte des éclairages sur la place des jeunes dans l'entreprise dans cinq pays européens: l'Allemagne, la France, l'Espagne, l'Italie et le Royaume-Uni.

Premier constat, la France est bonne dernière lorsqu'il s'agit de faire confiance à ses jeunes en matière de management. En effet, seuls 23% des 20-30 ans exercent une fonction managériale (encadrement d'un collaborateur au moins), tandis qu'ils sont 45% au Royaume-Uni et 40% en Allemagne. Même l'Italie, réputée pour sa gérontocratie depuis Silvio Berlusconi, fait mieux, avec 35% de jeunes managers. Une situation qui s'expliquerait tout d'abord par le droit à l'erreur qui «ne fait pas partie de notre culture française mais qui est plus une notion anglo-saxonne», selon Annick Cohen-Haegel, spécialiste des ressources humaines chez Cegos.

 

Manque de souplesse du droit du travail

On laisserait donc moins facilement les rênes à des jeunes travailleurs tant qu'ils n'ont pas fait leurs preuves. A cela s'ajoute une valorisation franco-française du diplôme: «En France, le cursus est plus important que les compétences, or il n'existe aucun titre de manager.» Pas de diplôme, pas de poste. Le droit du travail, ensuite, serait un facteur important dans cette exception française. Moins souple qu'au Royaume-Uni, il ne faciliterait pas la prise de risque.  «Il est difficile de congédier en France quelqu'un qui ne convient pas, contrairement au Royaume-Uni», clarifie Annick Cohen-Haegel. Un contexte juridique et culturel différent du reste de l'Europe expliquerait donc cette frilosité des entreprises françaises.

Pourtant, la génération Y a de réels atouts lorsqu'elle accède aux responsabilités. Ainsi, 96% des DRH considèrent que les jeunes managent diffèremment de leurs aînés et que leurs méthodes sont efficaces, bien que bousculant les codes managériaux institués. Pour Virginie Loye, en charge de l'offre RH à la Cegos, la jeune génération «peut insuffler un nouveau mode de management, plus contractuel, plus humain et plus agile». Une plus grande proximité avec l'équipe, une remise en question permanente et un développement des compétences des collaborateurs sont les trois principales différences citées par les DRH. Des différences qui rendraient, selon Virginie Loye, les organisations plus efficientes. A condition de laisser le pouvoir aux jeunes.

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