« Le marché se tend énormément et nous avons plus de mal à recruter aujourd’hui, constate Rémi Marcelli, vice-président de Proximity BBDO. Quand je cherche des commerciaux avec un profil international, je suis obligé de faire appel à un chasseur de têtes.» Les agences ont même repris l’embauche de juniors, ce qui est bon signe, selon Amélie Courty, présidente de la commission sociale de l’AACC (Association des agences-conseils en communication) et DRH d'Havas Paris. Dans le même temps, les salariés en poste ont de plus en plus la bougeotte, poursuit-elle: « Depuis le mois d’avril, le turn-over est reparti dans le secteur de la publicité/communication. On le constate sur les fonctions digitales, et sur celles de chef de publicité senior, chef de groupe et directeur de clientèle.»
Une tendance qui se vérifie pour les cadres, selon la dernière étude Ifop/Cadremploi, publiée début juillet: 49 % d’entre eux ont retrouvé confiance dans le marché de l’emploi, et plus d’un cadre sur deux (55%) se déclare attentif aux opportunités ou en recherche active d’emploi. Un record historique dans ce baromètre. Du côté des recruteurs, l’été s’est également révélé très actif. «D’habitude, durant la période estivale, nous répondons à des demandes d’intérim “en pompiers”, cette fois-ci, nous avons eu des sollicitations pour structurer des équipes sur le long terme en CDI ou via des missions, relève Perrine Grua, directrice générale d’Aquent. La confiance en l’avenir est plus forte, il y a de vrais investissements et une maturité par rapport au digital.»
Constat partagé par Damien Crequer, associé du cabinet Taste: «J’ai signé plus de missions en deux mois cet été qu’en juillet/aout/septembre 2014, et la croissance sera encore supérieure d’ici à la fin d’année.»
Les métiers qui profitent de cette meilleure conjoncture? «Chief data officer, data scientist, CRM manager, digital manager, il y a une guerre des talents sur ces compétences-là, pointe Marc de Torquat, directeur général de Shefferd. Idem autour de l’UX. Tous les métiers du social media.»
Dans le secteur de la pub et de la communication, la croissance des recrutements s’explique par des levées de fonds records dans les start-up, et la transformation digitale, qui génère de l’activité dans les groupes et les agences. Seul un petit village résiste à l’embellie économique: les médias traditionnels. Ils enchaînent les restructurations et peinent à retrouver le chemin de la croissance et des embauches. Pour tous les autres, la reprise est bien là, portée par le digital. La preuve, avec plus de 700 emplois à saisir dans des sociétés de cet univers.
