Reportage
En plein cœur de Paris, la jeune marque de mode de Violette Tannenbaum se fait tirer le portrait par le studio photo Iconographia. Porté par deux jeunes femmes, le tout nouveau-né inspire inclusivité et diversité. Stratégies était sur place.

À Châtelet, en plein après-midi, le quartier grouille de monde malgré le confinement. Certains commerces sont ouverts et au loin, on aperçoit le studio photo Iconographia, entrouvert. «Bonjour, bienvenue», accueillent en chœur le duo de jeunes femmes propriétaires des lieux. Clémence et Armâne, âgées de 25 ans, se sont rencontrées en master d’histoire à l’École nationale des chartes. Plus précisément à l’occasion d’une soirée. «Quand j’ai vu Armâne danser au loin, je l’ai trouvée très belle, je me suis dit qu’il fallait que je lui propose un shooting», introduit Clémence. Voila comment leur duo a commencé. Pour ensuite s'établir autour d’un studio, Iconographia, qui est devenu officiellement une société en février 2021. Parties du portrait, elles évolue désormais vers la photographie de communication avec des clients variés dont la Mairie de Paris, le Musée de la Vie romantique, l’agence de communication spécialisée dans la musique classique Le Philtre, des start-up éthiques… Dans le futur, les deux jeunes femmes aimeraient se développer dans le secteur de l’immobilier afin de renouer avec leurs formations en histoire de l’art. 

Leur particularité ? Toutes deux partagent des valeurs féministes. «Nous tenons à valoriser un matrimoine dans notre travail, en cherchant des inspirations auprès de femmes artistes, ou autre part. Ces valeurs s'inscrivent également dans la prise de vue des corps. Le féminisme n’est pas le cœur du sujet, nous essayons seulement de l’insuffler sans faire de la provocation», analyse Armâne.

Sororité

À 14 heures, une de leurs clientes arrive. Il s’agit de Violette Tannenbaum, créatrice de mode engagée pour l’inclusion des femmes noires. En amont, elles ont travaillé ensemble sur les inspirations de ce futur shooting. «Il y a peu de femmes noires photographes ou du moins peu de femmes noires artistes qui sont représentées. Nous nous sommes donc attelées à en chercher pour mettre en valeur leurs représentations, mêlées à des œuvres d’art connues. Nous nous appuierons sur le style de l’École de Fontainebleau, issue du 16-17ème siècle, pour mettre en avant la sororité», explique Clémence. Une fois les inspirations trouvées, elles ont réfléchi au stylisme pour chaque pose, en accord avec la créatrice. Et pour ces femmes passionnées d’art, il allait de soi que les storyboards soient dessinés à la main. S’enchaîne alors la postproduction. Dans un délai de trois semaines environ, Clémence s’attèle aux retouches avec Photoshop. «Beaucoup de nos clients veulent garder les cicatrices, les vergetures ou l’acné des modèles, c’est un principe de ne pas retoucher les corps. En revanche, nous sommes obligées de reprendre les cambrures, les couleurs et les lumières pour respecter le style imposé par nos influences artistiques», explique Clémence. 

Jacquemus en plein Paris

Quand Armâne crée l’ambiance, Clémence la capture. 14h10, tout le monde descend à la cave où se trouve le studio photo. Malgré les 19 degrés extérieurs, sous terre, les températures avoisinent les 10 degrés. Pendant que la modèle se prépare en coulisses, la créatrice repasse ses tenues. «Une dizaine de modèles doivent être shootés.» Sur les coups de 15 heures, l’appareil photo commence à mitrailler. Pendant que Clémence dirige la mannequin : «Marche et bouge ta robe comme dans un boomerang», «tu peux arquer tes mains comme dans les tableaux romantiques ?», Armâne prépare les prochaines tenues, rafistole les chapeaux, remet en place les tissus… Entre robes de mariée, robes fleuries et chapeaux de paille inspirés de Jacquemus, le photoshoot prend des allures de partie de campagne. 

En fond sonore résonne une playlist Spotify «good vibes». La créatrice semble ravie des premières photos. Tout comme le duo. «Nous avions perdu l’habitude de faire des photos avec des professionnels, dernièrement nous avons beaucoup travaillé avec des particuliers, du moins des personnes dont le métier n’est pas de poser devant la caméra. C'est plaisant», lance Clémence. Une heure plus tard, la créatrice, maquillée et habillée, pose avec la mannequin. Un duo en robes de mariée légères, fluide et chaussé de Doc Martens, rendant obsolète les robes meringues. Et même si le froid crispe les corps, à l’image, le professionnalisme ressort. 

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