Internet et la mobilité sont en train de bousculer la façon dont nous percevons le monde, mais les grandes entreprises dans l'ensemble tardent à s'adapter. Deux études récentes ont à nouveau fait apparaître ce décalage, qui expose nos business models traditionnels à la concurrence des digital natives.
Alors que les Français sont plus engagés sur Internet que leurs voisins européens (6 à 19 points de plus), les usages connectés des entreprises françaises enregistrent encore jusqu'à 10 points de retard sur la moyenne. Seules 36% d'entre elles ont formalisé une stratégie numérique (source: Roland Berger). Pour expliquer ce retard, elles invoquent en premier lieu la rigidité de leurs organisations (source: McKinsey).
Comment faire prendre ce virage à un groupe du CAC 40? Il n'existe aucune action miracle, une transformation profonde est requise. A la recherche de nouveaux modèles, nombre d'entreprises se laissent tenter par une politique de la table rase et font germer leurs expérimentations dans des structures toutes neuves. Chez Société générale, nous croyons au contraire que la transition digitale doit engager l'ensemble de l'entreprise, et en tant que managers, nous avons cette responsabilité vis-à-vis de nos équipes et nous voulons tirer parti de cette intelligence collective.
Cocréation avec les clients
Concrètement, nous avons donc décidé de doter tous nos collaborateurs des outils qui leur permettront de vivre et d'inventer l'expérience digitale. C'est le sens du partenariat que nous avons signé avec Microsoft en septembre. Nous allons équiper massivement nos collaborateurs pour fluidifier les échanges et la mobilité, tout en veillant attentivement à la sécurité des données. Chacun bénéficiera progressivement à la fois des solutions bureautiques et collaboratives de dernière génération sur son poste de travail et d'une tablette tactile.
Notre objectif est d'atteindre la masse critique d'utilisateurs nécessaire pour faire basculer les habitudes: nous fournissons à nos collaborateurs, bien plus que des outils et des logiciels, une nouvelle façon d'imaginer leurs usages professionnels au sein du groupe et avec nos parties prenantes.
Avant de franchir ce cap, nous avions déjà testé en 2013 l'appétit de transformation numérique de nos équipes en organisant Peps [Projet expérimental participatif et stimulant], une grande opération de crowdsourcing sur notre réseau social interne pour discuter de l'impact du digital sur notre métier. En un mois, les collaborateurs de 19 pays avaient formulé plus de 1 000 idées pour proposer de nouveaux services aux clients ou pour réinventer notre façon de travailler. Une énergie si enthousiaste qu'elle a inspiré notre approche d'une transition numérique impliquant le plus grand nombre.
Bien sûr, cela fait plusieurs années que la Société générale adapte son organisation aux nouveaux modèles relationnels apportés par le digital. Nous cherchons à rendre toujours plus collaborative notre relation avec nos clients, c'est par exemple l'objet de notre plateforme de cocréation SG et Vous, dont sont issues en grande partie les dernières fonctionnalités de l'appli Société générale.
En interne, nous faisons évoluer nos méthodes de travail. Nous promouvons le travail en «pizza teams», qui mêlent des compétences pluridisciplinaires (SI, marketing, etc.) pour avancer plus vite. Nous nous appuyons sur les PME, les start-up, les écoles de notre écosystème, dans un esprit d'open innovation. Nous avons organisé récemment un hackathon avec l'Ecole 42. C'est une start-up, Theodo, qui nous a aidé à développer des méthodes agiles dans nos process IT (nous y sommes désormais à 40%).
La Société générale est aujourd'hui reconnue, en France, pour sa maturité numérique. Elle figure en quatrième position du classement des entreprises du CAC 40 publié récemment dans Les Echos. On peut avoir 150 ans, 150 000 collaborateurs et avoir toujours l'énergie et l'ambition d'engager le changement tous ensemble.