Tribune
Tribune de Didier Pitelet, fondateur de Moons’ Factory, président de l’Association des agences-conseils en communication pour l’emploi.

La confiance n'est plus un sujet de salon, c'est LE sujet! Confiance sociale et sociétale, confiance entre les élites et le peuple, confiance entre dirigeants et salariés, confiance entre dirigeants et actionnaires, confiance interculturelle aussi, confiance intergénérationnelle… La confiance est au cœur de tous les sujets sans exception.

La pratique et le bon sens populaires ont déjà des bribes de contenu et de réponses avec l'économie solidaire, le troc ou encore la floraison des réseaux sociaux thématiques, qui donnent à la parole de chacun une force et un crédit inédits. L'action citoyenne s'est décalée de la «chose publique» au profit des échanges publics. Le fatalisme ambiant qui semble plomber la nation n'altère en rien l'explosion créative de la société. Comme si les espaces institutionnels étaient par définition tristes, contraignants, éprouvant, étriqués.

D'un côté le monde politique, son manque d'exemplarité et sa démagogie; de l'autre l'entreprise et l'esclavagisme du tout-financier qui inhibe le courage d'entreprendre et le respect humain, poussant 75% des jeunes diplômés à vouloir quitter la France estimant qu'on ne leur fait pas confiance!

Pour autant, le monde du travail est loin d'être aussi négatif si on laisse de côté la tartufferie managériale de certains grands groupes cotés qui font subir à leurs équipes (à commencer à leurs dirigeants) le dogme de la rentabilité à court terme, drapés dans la vertu du management new age.

Aujourd'hui, tout dirigeant digne de ce nom, qui croit en ses collaborateurs, fait de la solidarité un pilier de ses équipes, de l'engagement réciproque un postulat. Il a la possibilité de le prouver au monde entier (à commencer à ses propres clients…) sans se lancer dans de coûteux plans de communication, mais en donnant à partager le «vivre ensemble» dont il est censé être le garant. Comment? En libérant la parole de ses salariés, en leur donnant carte blanche pour partager leur vraie vie en entreprise.

L'entreprise n'est plus, depuis longtemps, un lieu clos. Elle est accessible de partout et par tous. […] Les réseaux sociaux d'entreprise conçus et animés pour les salariés et souvent par les salariés, les pages Facebook ou encore les blogs sont aujourd'hui à la portée de tous. Les réseaux sociaux employeur, bien qu'encore balbutiants, sont le reflet, pour ne pas dire l'avenir de la marque employeur.

Une entreprise qui aime ses salariés et le prouve sans paillettes en leur permettant (sur la base du volontariat bien sûr) de partager leur quotidien est par essence une entreprise qui assume ses relations humaines. La phobie de la transparence saute au profit de la confiance. Les us et coutumes du digital enterrent les réserves de l'ancien monde au profit d'une accessibilité permanente.

[…] La culture d'entreprise n'est plus un sujet d'initié ou encore de consultants, mais bien de vrais gens. Elle est l'actif inimitable, incomparable et intergénérationnel de chaque marque, les salariés en étant par définition les dépositaires. Là où hier, le sujet faisait rire tellement il était ampoulé et sonnait faux, aujourd'hui il est vérité.

De plus, franchir le pas des réseaux sociaux internes ouverts sur l'externe est le meilleur moyen de prouver à ses équipes la confiance qu'on leur porte. Effet garanti en termes d'adhésion, de motivation, d'attractivité et bien sûr de fierté…

L'omniprésence du social media dans toutes nos vies impose aux entreprises et aux institutions de savoir «parler vrai», de savoir délivrer des preuves de ce qu'elles avancent. Seule cette pratique du vrai crée la confiance qui génère elle-même l'engagement des publics.

En matière de communication externe, la poussée du web social annonce l'avènement d'un nouveau corporate, plus transparent, plus ouvert, plus proche de ses publics, plus humain. Elle amène l'entreprise et ses dirigeants à changer de plan (au sens géométrique), à passer de modèles verticaux à l'horizontalité, avec l'affaiblissement hiérarchique que l'on connaît. Ce changement impose que la confiance n'est plus nécessairement promise à celui qui est au-dessus et qui «dirige» avec autorité ou légitimité «technique», mais à celui ou celle qui crée de la valeur en coconstruisant.

Qu'on le veuille ou non, l'entreprise est entrée dans la logique de preuve. La marque-employeur en est le meilleur exemple et le miroir de l'éthique des dirigeants. L'avenir de chaque marque est de devenir son propre réseau social, c'est désormais acquis: aux marketeurs de ne pas travestir les salariés en acceptant de les laisser jouer leurs propres rôles, avec leurs propres mots. Le politiquement correct qui lave plus blanc que blanc ne fait pas bon ménage avec la vraie vie.

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