Avec la période des festivals d'été, l'épineux débat sur l'assurance chômage des intermittents du spectacle n'est pas prêt de s'éteindre. Alors que la CGT Spectacle a reconduit le 20 juin son préavis de grève pour le mois de juillet, la situation qui prévaudra au Festival d'Avignon, l'une des plus emblématiques manifestations estivales, qui ouvre ses portes le 4 juillet, devrait donner le ton.
Face au tollé provoqué par la nouvelle convention adoptée en mars et afin d'éviter comme il y a dix ans un été sans festivals, le gouvernement estime avoir fait un «geste d'apaisement» en annonçant que le différé, ou «délai de carence», dans le versement de leurs indemnisations chômage (mesure la plus controversée) serait «neutralisé», donc pris en charge par l'Etat. En attendant «un accord global» d'ici la fin de l'année, avec une concertation associant partenaires sociaux, mais aussi et pour la première fois intermittents et employeurs du spectacle.
Une division nette de la population
Les Français, eux, restent partagés sur le sujet. Selon un étude Harris Interactive pour Le Parisien publiée le 28 juin, seulement un tiers (33%) déclare connaître les revendications des intermittents, 30% en ont une idée imprécise et 34% ne les connaissent pas. «Bien que largement médiatisée, la question des intermittents concerne une part réduite de la population. Rien à voir avec l'impact de la grève à la SNCF», observe Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique-opinion d'Harris Interactive.
Une division nette aussi quand on aborde un éventuel soutien au mouvement: 55% des Français (surtout les plus âgés, les CSP+ et les sympathisants de droite) s'y déclarent opposés, alors que 41% le soutiennent. «Privilégiés et profiteurs» pour les uns, «précaires et défenseurs de la culture» pour les autres.
Quant au fond du dossier et alors même qu'elle reconnaît être assez peu informée, l'opinion pense en majorité (56%) que le régime spécifique des intermittents du spectacle doit être supprimé, engendrant un déficit trop important de l'assurance chômage. «A l'heure où chacun est appelé à faire des efforts, les Français sont manifestement moins enclins à accepter des conditions dérogatoires ou même particulières», interprète Jean-Daniel Lévy.
Pourtant, 40% souhaitent que le régime des intermittents soit maintenu pour permettre de compenser la précarité de leur travail. «A ce jour, l'enjeu lié à la défense de l'exception culturelle française n'arrive pas à compenser celui relatif au nécessaire équilibre des comptes sociaux», observe ce dernier.
A noter toutefois que la cause des intermittents semble gagner du terrain: selon un sondage Tilder-LCI-Opinion Way du 12 juin, 60% des Français était alors favorables à un rapprochement du régime spécial des intermittents avec les règles s'appliquant à l'ensemble des chômeurs. Ils étaient 66% en février.