politique
56% des Français insatisfaits de la réforme territoriale

«Un découpage à la va-vite pour satisfaire les collaborateurs du pouvoir, mais qui insatisfait le plus grand nombre.» Philippe Palat, directeur de la rédaction du Midi libre, résume le sentiment dominant en Languedoc-Roussillon, région de 2,7 millions d'habitants appelée à se marier avec Midi-Pyrénées, à peine plus peuplée (2,9 millions d'habitants), mais forte de Toulouse.

Le journaliste est à peine plus mesuré que le président de sa région, Christian Bourquin, qui a dénoncé «une carte de la France des copains»: «On vit une fusion-absorption alors que nous n'avons rien à voir: nous faisons du vin, ils font du maïs. Mais on paye notre anti-jacobinisme depuis les années Frèches, estime-t-il. La nouvelle carte va permettre au pouvoir de diluer la puissance frontiste après les gains de Béziers et de Beaucaire par le FN

Un sondage Ifop auprès d'un millier de Français, publié par Midi libre, montre qu'une majorité (54%) n'approuve pas la carte qui porte de 22 à 14 le nombre de régions en 2020. «L'Aquitaine n'étant pas concernée et Midi-Pyrénées sortant renforcée, ils sont 57% à l'approuver dans le Sud-Ouest», note Philippe Palat, pour qui l'opinion nationale est acquise à la nécessité d'une réforme territoriale, mais reste convaincue qu'elle n'est pas bien pilotée par un François Hollande au plus bas dans les sondages. «Un homme neuf» comme Manuel Valls, avec son «pragmatisme mâtiné de fermeté» eut été selon lui préférable.

L'économie budgétaire peu mise en avant

A l'Elysée, d'ultimes arbitrages ont eu lieu le 3 juin entre 21 heures, où un texte fut envoyé à la PQR proposant de «ramener le nombre de régions de 22 à XXX», et 21h30, où le poids du Breton Jean-Yves Le Drian, par exemple, a permis de maintenir la Bretagne indépendante…

«La réforme a été vendue en amont, mais au moment de la concrétiser, les arguments de vente sont oubliés et on laisse entendre que les baronnies auraient pu jouer», confirme Céline Bracq, directrice adjointe de BVA Opinion. Dans un sondage auprès de 988 personnes mené via Internet les 5 et 6 juin, son institut chiffre à 56% la part de Français insatisfaits. Et pour 54%, cette réforme est destinée à donner une meilleure image du gouvernement.

«Ce n'est pas si mauvais que ça, complète la sondeuse. L'idée du calcul politique obtient d'habitude des résultats plus massifs. Les Français considèrent que la réforme est nécessaire, sauf quand on touche à leur région. Mais l'argument des économies budgétaires a été peu mis en avant et expliqué de façon assez floue.» Pour l'heure, en effet, pas de chiffrage précis de l'économie attendue, histoire de populariser la réforme…

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