Le spectre d'une abstention record plane sur les prochaines élections européennes. A un mois du scrutin qui aura lieu le 25 mai, seuls 35% des électeurs interrogés par le CSA pour BFM TV et le Groupe Nice matin se disent «tout à fait certain» d’aller voter. Un résultat qui laisse augurer, selon l'institut, d'un taux de participation inférieur à celui enregistré en 2009 (41,31%).
L’abstention s’annonce massive chez les plus jeunes: seulement 19% des 18-24 ans se disent certains d’aller voter. Même les plus âgés, traditionnellement plus assidus lors des élections, semblent démobilisés (52% des 65 ans et plus sont certains d’aller voter, contre 69% un mois avant les récentes municipales). Par ailleurs, 24% des ouvriers se disent certains d’aller voter et 37% des cadres et professions libérales.
Le scrutin sera particulièrement l'occasion d'exprimer son insatisfaction vis-à-vis de l’exécutif, selon 39% des personnes interrogées, soit 16 points de plus qu’en 2009. Toutefois, 51% affirment que leur vote n’aura aucun rapport avec l’action du gouvernement.
Même les europhiles sont sévères
Quant au fond du sujet, à savoir les enjeux liés à l'Europe, les Français, surtout les plus jeunes, les plus âgés et les CSP+, sont 44% (+2 points par rapport à un précédent sondage, en février) à estimer que c'est une bonne chose que la France fasse partie de l'Union européenne, selon un sondage d'Opinion Way pour Le Figaro et LCI publié le 28 avril, tandis que 23% (+1 point) pensent que s'en est une mauvaise. Ils sont 53% (+3 points) à être opposés à un retour au franc.
En revanche, le travail de mobilisation et de sensibilisation des Français par les politiques, notamment, reste à faire: 64% se désintéressent de cette campagne (les femmes, les actifs et les CSP– notamment).
Car si les Français ne voient pas l'avenir sans l'Europe, ils sont très majoritairement déçus par elle. Selon une étude Harris Interactive du 24 avril pour Valeurs actuelles et l'Institut Montaigne, ils n'attribuent qu'une note de 7/20 à l'Union européenne en terme d'efficacité (5/20 pour un Français sur deux). L'immigration (4,6/20 en moyenne), l'emploi (5/20) et la croissance (5,6/20) sont les points noirs.
«Le constat est sévère sur le fonctionnement de l'Europe, qui n'obtient jamais la moyenne, même auprès des plus europhiles, constate Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique et opinion d'Harris Interactive. Mais on n'a pas tué la promesse de l'Europe. Les Français souhaitent un renforcement politique de l'Union, avec une forte attente en terme de protection, mais dans le sens d'une meilleure maîtrise de son destin.»
Parmi leurs principales attentes: «Adopter une politique énergétique commune» (80%), une politique douanière protectionniste (75%) et un système de gouvernance resserré autour du couple franco-allemand et de quelques pays (67%).