Présenté mercredi 23 avril au Conseil des ministres, le programme de stabilité, pendant du pacte de responsabilité et de solidarité visant à réaliser 50 milliards d'économies d'ici 2017, s'est heurté au feu des critiques, y compris au sein de la majorité socialiste. Estimant que la justice sociale est la principale oubliée, certains sont allés jusqu'à avancer des plans d'économies alternatifs. Le Premier ministre a pourtant tenu à assurer qu'il «ne s'agit pas d'un plan d'austérité» et que la répartition équitable des contributions en faisait un pacte «juste».
Manuel Valls peut en tout cas bénéficier du soutien des Français. Selon un sondage BVA-Le Parisien publié le 19 avril, la réduction du nombre de fonctionnaires (sauf dans l'éducation nationale, la sécurité et la justice) remporte l'adhésion de 73% des sondés. Ils sont même 57% à approuver le gel du salaire des fonctionnaires. La baisse des dépenses de l'assurance maladie en convainc 59%. Plus étonnant, 51% cautionnent le gel des prestations sociales (allocation familiales, allocations logement…). Seul point noir: l'annonce du gel des pensions de retraite, qui suscite la désapprobation de 59% des Français.
Globalement bien accueilli
Manuel Valls se positionne comme un Premier ministre volontaire, défendant un pacte de responsabilité et un plan d'économie globalement bien accueillis. Il ne néglige pas les projecteurs en se permettant certains écarts protocolaires, comme le 16 avril où il s'exprime à la place de Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, pour annoncer lui-même les axes du programme. Selon un sondage CSA-BFM TV le 17 avril, 57% des Français considèrent qu'il aura plus d'influence sur la politique du gouvernement que François Hollande. Il recueille d'ailleurs 49% d'opinions positives, contre 18% pour le président de la République.
Attaqué sur sa gauche, Manuel Valls n'a pas manqué l'occasion d'exprimer la ferme opposition du gouvernement aux propositions d'un smic jeunes lancées par le patron du Medef, Pierre Gattaz. Une position forte qui rejoint les 78% de Français estimant que pouvoir payer un salarié en dessous du smic ne serait pas efficace pour l'emploi, selon un sondage Tilder-LCI-Opinion Way du 20 avril. D'ailleurs, les trois quarts des Français manifestent une opinion défavorable à l'égard de Pierre Gattaz, selon BVA-Le Parisien. Le président du Medef s'était en effet exprimé pour un régime transitoire payé en dessous du salaire minimum destiné aux jeunes. Après le vote du programme de stabilité à l'Assemblée le 30 avril, une mesure pour les contribuables les plus modestes est d'ailleurs prévu pour juin prochain.