Sur sa déclaration de politique générale, le Premier ministre Manuel Valls a obtenu, mardi 8 avril, la confiance des députés, avec 306 votes pour (239 contre) la majorité absolue étant à 273. Alors que son discours visait à définir les grandes lignes du pacte de responsabilité annoncé par François Hollande le 31 décembre dernier, et à préciser celles du pacte de solidarité évoqué par le président de la République le 31 mars au lendemain de la défaite aux élections municipales, les Français étaient interrogés début avril sur ces sujets par CSA pour Les Echos, l'institut Montaigne et Radio classique.
A la question «Pour relancer durablement notre économie, pensez-vous qu'il faut accorder la priorité à la compétitivité des entreprises ou au pouvoir d'achat?», les Français apparaissent divisés: 47% considèrent qu'il faut privilégier le pouvoir d'achat, 33% défendent la compétitivité des entreprises et 18% estiment que les deux solutions doivent être prises en compte. Seuls 2% n'ont pas d'opinion.
Les jeunes privilégient le pouvoir d'achat (61% des 18-24 ans et 57% des 25-34 ans) quand les plus âgés préfèrent la compétitivité des entreprises (43% des 65 ans et plus). De même, si les actifs se prononcent majoritairement en faveur du pouvoir d'achat (51%, dont 53% chez les ouvriers), la compétitivité des entreprises est plus souvent citée par les retraités (38%) et les cadres et professions libérales (42%, contre 27% chez les ouvriers).
«Le clivage gauche-droite est en partie inopérant sur ce sujet puisque les souhaits des sympathisants frontistes semblent ici plus se rapprocher de ceux de la gauche, instaurant un clivage de fond à droite de l'échiquier politique», souligne Nicolas Fert, chargé d'études senior au pôle opinion-corporate de CSA. En effet, 62% des sympathisants du FN considèrent que le pouvoir d'achat est la solution à privilégier pour relancer l'économie française, tout comme 57% des sympathisants de gauche, alors que 49% des sympathisants de droite privilégient la compétitivité des entreprises, un pourcentage qui monte à 55% pour ceux du Modem.
Pour Nicolas Fert, «cette grande divergence de points de vue selon la sympathie politique explique en partie la nécessité perçue par le chef de l'Etat de concilier, dans son discours, pouvoir d'achat et compétitivité. Une façon de ne pas s'aliéner ces deux camps à un moment où son action est déjà remise en cause.» Les sondages à venir diront si les annonces du Premier ministre ont convaincu les Français.