La «Big Bang Disruption» évoquée par Mrs Larry Downes et Paul Nunes, reprise par Thierry Herrant et Yannick Salmon dans Stratégies n°1760 («Vers la like-marque»), retombe dans le panneau classique du syndrome «table rase du passé». Sous prétexte de la montée en puissance du collaboratif, via notamment les réseaux sociaux, il y est évoqué que «le succès d'une innovation va davantage [désormais] récompenser la capacité à identifier et développer très vite des idées que l'appropriation de ces idées». Et pourquoi pas les deux, mon capitaine?!

Pourquoi, en effet, faudrait-il encore, en 2014, opposer virtuel et «real life», réseaux sociaux externes et forces créatives internes, rapidité de l'idéation et rapidité de l'appropriation, identification des bonnes idées en externe et management-fin des processus d'innovation interne, et enfin – liste non exhaustive, car les idées reçues en la matière sont un puits sans fond – appropriation interne des idées neuves et succès commercial externe.

Pourquoi ne pas plutôt se dire que c'est justement parce que les entreprises deviennent poreuses, autrement dit: invitent de plus en plus le monde extérieur à contribuer à l'identification des innovations qui changeront le monde, qu'il devient par conséquent plus important que jamais d'en faciliter l'appropriation interne.

Ceci est d'autant plus vrai en matière d'idées dites disruptives, qui tétanisent souvent l'interne comme une poule devant un couteau et justifient deux fois plus de temps d'appropriation et de pédagogie en interne qu'un autre type d'innovation. Soi-dit en passant, une innovation de rupture est intitulée ainsi souvent après coup, une fois le succès atteint, vs un objectif en soi en début de processus. Les légendes sont bâties ainsi.

Quel que soit le Web 6.0 de demain, le maillon faible de l'innovation restera humain. Pour une dose d'idée, il faudra toujours déployer une énergie équivalente à convaincre en interne une armée de collaborateurs stressés, pressés, ayant besoin de sens, de vision, etc., pour s'approprier l'idée venue de l'extérieur… afin d'en devenir ambassadeur.

Tous ambassadeurs (clients et collaborateurs) et alors, effectivement, les marques seront mieux aimées par des collaborateurs et clients mieux fidélisés.

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