Le Canard enchaîné, le 23 janvier, n'a pas manqué de pointer l'hypocrisie d'une opinion qui approuve à 75% la décision de François Hollande de ne pas répondre aux questions sur sa vie privée (source BVA-I-Télé), mais qui est aussi abondamment lectrice de magazines people. Entre Ici Paris (1,48 millions de lecteurs par semaine, selon Audipresse), Gala (2,14 millions), Oops (2,36 millions), Public (2,52 millions), Voici (3,34 millions) et bien sûr Closer (3,44 millions), on arrive à la somme très rondelette – quoique non dédupliquée – de près de 12 millions de lecteurs.
«Les Français s'intéressent énormément aux sujets people, mais il ne faut pas confondre intérêt et importance. Nos concitoyens attendent de leurs dirigeants qu'ils parlent de sujets importants – l'économie et le social principalement – et qu'ils prennent de la hauteur. Leur intérêt pour le people n'a aucune implication sur le jugement qu'ils portent sur la personnalité ou sa politique», décode Céline Bracq, directrice de BVA Opinion.
Sur l'appréciation portée à propos de ce qui relève de la vie privée dans le cadre de l'affaire Gayet, un clivage politique très marqué apparaît même si une majorité l'emporte pour dire que cela ne relève pas de la vie politique: là où 89% des sympathisants de gauche jugent que cette affaire ne concerne que François Hollande, 61% des sympathisants de droite estiment qu'elle concerne tous les Français.
«Les Français sont las de l'événement»
Quid de l'ex-«première dame», qui s'est envolée le 25 janvier pour l'Inde et qui a emmené avec elle une nuée de journalistes politico-people au point d'en «dégouter» un responsable local d'Action contre la faim, l'association pour laquelle elle effectuait ce voyage? Elle arrive en bas du classement des conjointes de présidents de la Ve République. Si l'on en croit 992 personnes interrogées par Internet le 22 janvier par BVA pour Aujourd'hui en France, elle ne recueille que 8% d'opinions favorables, très loin derrière Bernadette Chirac (46%), Danielle Mitterrand (40%) et Carla Bruni-Sarkozy (28%).
Sa rupture avec François Hollande ne va en tout cas pas chagriner les Français, qui sont las des «premières dames», cette invention médiatique sans réalité institutionnelle: 54% demandent que la conjointe du président de la République ne joue plus aucun rôle et ne disposent plus d'aucun moyen, comme un cabinet à l'Elysée, et 17% choisissent le statut quo avec une première dame coutumière et 29% sont favorables à un véritable statut.
«C'est une solution très nette, radicale qui est préférée, conclut Céline Bracq. François Hollande a bien fait de ne pas parler de sa vie privée. Quant aux médias, même si c'est pour eux un fonds de commerce, les Français trouvent qu'ils en parlent trop et l'on sait que les journalistes ont mauvaise réputation.»