Le principe d'un pacte de responsabilité avec les entreprises est plébiscité, ou peu s'en faut, par les Français. Quelques jours après son annonce par François Hollande lors de ses vœux du 31 décembre 2013, 69% d'entre eux estimaient que c'était «une bonne solution pour lutter contre le chômage», selon un sondage CSA réalisé pour Les Echos, Radio Classique et l’Institut Montaigne. L'approbation montait même à 75%, d'après une enquête BVA-I-Télé-Le Parisien parue le 11 janvier. Un soutien dû à «la popularité du principe de la baisse des charges et surtout au “deal” baisse des charges contre emplois», expliquait BVA.
Pour autant, les Français estiment dans ce même sondage que François Hollande mène toujours une politique «pas assez favorable aux entreprises» (51%, contre 27% «équilibrée» et 19% «trop favorable»). Au même moment, une troisième enquête (Opinion Way-Tilder-LCI) montrait que pour 66% des personnes interrogées, le pacte de responsabilité était dans la continuité de la politique menée par François Hollande depuis son élection. Son «coming-out social-démocrate» n'aura donc pas été une surprise pour les Français.
Dos au mur
Reste à passer aux actes. Et c'est bien là que le bât blesse. Dans un autre sondage Opinion Way-Tilder-LCI mené les 14 et 15 janvier, la création d'un Observatoire des contreparties pour évaluer le respect des engagements des entreprises en échange d'une baisse du coût du travail (embauche, qualité de l'emploi, etc.) est ainsi jugé «pas efficace» par 64%. En fait, seuls 29% ont été convaincus par les propos du président au sujet du pacte de responsabilité, selon une enquête Harris Interactive pour LCP menée les 14 et 15 janvier.
Un scepticisme que le conférence de presse du 14 janvier n'a guère dissipé. Près des trois quarts des Français (74%) ne font pas confiance à François Hollande et au gouvernement pour réaliser des économies importantes dans la dépense publique et autant (73%) ne font pas non plus confiance aux entreprises pour créer des emplois en échange des baisses de charge promises, selon un sondage Ifop publié le 19 janvier dans Sud-Ouest dimanche.
«La situation est paradoxale, analyse Jérôme Fourquet, directeur de département opinion et stratégies d'entreprise de l'Ifop. L'état du pays, qui n'a jamais été aussi critique – fermeture de l'usine Peugeot à Aulnay, révolte des “bonnets rouges” en Bretagne, ras le bol fiscal…–, semble avoir provoqué ces derniers mois une prise de conscience: la France est en train de décrocher. Mais pour autant, les Français ne font confiance ni aux politiques ni aux entreprises pour mener à bien le pacte de responsabilité annoncé.»
Les uns commes les autres sont dos au mur. Mais c'est peut-être cela, la chance de ce pacte… «Les lignes ont bougé. Plus que jamais, le gouvernement comme les entreprises sont contraint de passer par une politique de la preuve. Au risque de se couper davantage encore de l'opinion, ils vont devoir rapidement donner des gages avec des décisions concrètes», conclut Jérôme Fourquet.