politique
26% n’excluent pas de voter Front national

Le PS a perdu lors de l'élection législative du Lot et Garonne, le 24 juin, comme lors des sept autres partielles qui se sont succédé depuis l'élection de François Hollande. Mais ce n'est pas la victoire du candidat de l'UMP, Jean-Louis Costes, qui a retenu l'attention des observateurs, mais le score élevé (46,25%) du candidat du Front national.

La présence de ce parti au second tour d'une élection partielle, après l'Oise en mars, traduit-elle une recomposition du paysage politique pouvant entraîner la multiplication de «21-Avril» locaux? «La loi d'airain qui veut qu'il y ait un plafond de verre interdisant à un candidat FN d'obtenir 50% des voix sur son nom à un scrutin majoritaire s'affaiblit. Ce plafond de verre ne s'effondre pas, mais il se fissure », déclare même le 25 juin sur France Info Guillaume Perrault, journaliste au Figaro.

Ce spécialiste des droites observe la même réserve de voix pour le FN dans un bastion traditionnel du radical-socialisme du Sud-Ouest que dans un bassin ouvrier de l'Oise: «Il y a une tendance à l'homogénéisation des résultats de Marine Le Pen», dit-il.

Faut-il alors crier à la montée en puissance inexorable du Front national, sur fond de désillusion de l'électorat de gauche et de tous-pourris post affaire Cahuzac? «Il y a une hystérisation médiatique de la classe médiatique autour du résultat de Villeneuve-sur-Lot», fustige Gaël Sliman, directeur général adjoint de BVA, qui relève que «le Front républicain a fonctionné» et qu'«on joue à se faire peur».

"L'idiot du village global"

Dans un sondage de cet institut, réalisé les 19 et 20 juin auprès de 1 060 personnes, le potentiel de vote du Front national est étudié de près. Résultat: oui, cette propension progresse bien, puisque 26% des interviewés n'excluent pas de voter pour ce parti - et 29% au niveau local - alors qu'ils n'étaient que 17% il y a un an à se déclarer en faveur de Marine Le Pen.

Pourtant, d'après Gaël Sliman, l'erreur serait de surinterpréter cette nouvelle donne. L'électorat de gauche n'est ainsi pas particulièrement enclin à voter FN, seuls 4% des Français pouvant à la fois voter pour ce parti et pour le PS, selon BVA, alors qu'ils sont un sur cinq à hésiter entre l'UMP et le FN.

Lors d'un second tour, le FN mobilise donc massivement chez les abstentionnistes (il dispose d'un potentiel de vote de 33% chez les jeunes et de 40% chez les ouvriers), dont il est plus proche, mais l'UMP bénéficie du report des voix de gauche.

En prévision de triangulaires, le directeur de BVA Opinion, auteur du Pompier ou le Maçon (éd. du Moment), suggère donc un positionnement bien distinct: «A chaque fois que la droite court après l'extrême droite, elle fait monter le Front national.» Reste que le potentiel FN progresse de façon mécanique «quand il n'y a aucun espoir ni à gauche ni à droite», et quand l'Europe est vue comme «l'idiot du village global», incapable de protéger ses citoyens. Sur ce point, Arnaud Montebourg n'a pas tout à fait tort de montrer du doigt la Commission Barroso...

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