Et si l'attractivité d'une marque, la fidélité qu'on lui témoigne, la confiance qu'on lui porte étaient d'abord et finalement liées à la considération dont elle fait preuve vis-à-vis de tous ?

Ce qui vaut pour une entreprise avec ses clients et ses salariés vaut aussi pour le politique.

Comment peut-on encore s'étonner, chaque fois avec un peu plus d'effroi, des résultats d'étude d'opinion qui mesurent, les uns après les autres, l'éloignement, le décrochage, le divorce, le ressentiment, chaque jour plus grand, des citoyens, des consommateurs, des clients vis-à-vis de ceux qui sont censés leur rendre service d'une façon ou d'une autre ou de les représenter? (Faites l'exercice et choisissez le mot qui correspond le mieux à votre propre état d'esprit.)

On peut toujours accuser le «thermomètre», comme on dit. On ferait mieux, chacun, là où nous sommes dans notre position de communicant, de nous attaquer aux racines du mal plutôt que de courir comme des poulets sans tête au secours d'un monde allant inexorablement à sa perte et tentant de sauver ce qui peut encore l'être de lui.

Regardons les choses en face: la "défiance généralisée" s'est chaque jour un peu plus muée en ressentiment généralisé. Un ressentiment chaque jour renforcé par de nouveaux motifs: Findus, dernier exemple en date, dont l'attitude - "c'est pas moi, c'est l'autre" - n'est pas digne d'une marque en lien quotidien avec les familles depuis tant d'années. Rayons abandonnés, ventes en berne. Défausse de responsabilité, confiance rompue. La suite? Compliquée.

Eloge de la considération

Un ressentiment chaque jour exprimé d'une manière ou d'une autre, sur la toile, dans les actes d'achat ou, plus net encore, dans le vote: dernière manifestation du "mal", le vote italien dont les résultats, pourtant prévisibles, étonnent de bons esprits éclairés, contrecarrant plan de carrière ou intérêts financiers. Merde... le peuple n'a pas voté comme il aurait dû! Décidément le peuple ne comprend rien. Analystes inquiets, bourses en chute, rendez-vous compte... la belle affaire. La suite? Compliquée.

L'équation à résoudre, il y a urgence, est la suivante: sans considération, pas de confiance, ni en les autres, ni en un avenir commun. Nous, communicants, devons sans doute avoir une part de responsabilité dans ce désastre bientôt irréversible, du lien défait. Alors, oui, indignons-nous quelques instants mais surtout, réagissons.

Nous avons un rôle crucial à jouer, aux côtés et pour nos clients, pour rebâtir de la confiance, utile aux sociétés mais aussi, et surtout, à la société toute entière. La confiance, fondée sur la considération, c'est de la confiance partagée, du bien commun, du lien entretenu et maintenu. Solidifié. La considération que l'on porte aux autres ne se mesure pas seulement par des indices RSE rajoutés in extremis au dernier rapport d'activité ni à de bonnes intentions affichées dans un spot ou dans un programme politique.

la maison brûle

La considération, c'est d'abord la considération de l'intelligence de l'autre: il est capable de comprendre, d'appréhender les choses dans leur ensemble. Il vous en saura gré. C'est le respect de l'autre par ce que je lui propose de sain, de sûr, de mieux, le respect de l'autre aussi à toutes les étapes de la fabrication et de la vente. Il vous préférera. C'est aussi la reconnaissance de l'autre et de sa contribution à l'entreprise et à sa performance, par de la participation active à sa vie et à ses résultats Il vous soutiendra. C'est le développement durable - et solide- de la confiance.

Combattre le fossé qui chaque jour s'agrandit entre ceux qui font société (les gens) et ceux qui sont censés l'orienter (les politiques) ou la rendre possible, plus simple, plus sympa, plus pratique ou simplement meilleure (les marques et les entreprises) passe par une éthique de la considération dont nous devons être co-responsables devant et avec nos clients. À nous communicants d'en être à la fois avocats et porteurs.

C'est une question de salubrité publique et, pour nos clients, une question d'image et d'attractivité, d'adhésion et de rentabilité aussi. Accessoirement. Comme le disait un Président (sur un autre sujet) pour lequel je n'ai voté qu'une fois mais dont la phrase s'applique à la situation: "la maison brûle et nous regardons ailleurs".

Le salut (des marques, des entreprises, du politique et de nos métiers) tient aussi à cette pratique de la considération.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.