L'église catholique est à sa juste place pour 59% des Français.

François Hollande l'a dit: «Je n'ai pas de candidat.» Les Français n'ont pas non plus une idée précise sur qui doit être le futur pape. C'est ce que révèle un sondage BVA pour Le Parisien, qui montre qu'il n'y a pas tellement de différences entre les catholiques français et l'ensemble de la population sur la question du successeur de Benoît XVI, considéré comme un «bon pape» après son renoncement par 53% des personnes interrogées.

Selon cette enquête, réalisée auprès de 1 069 personnes les 14 et 15 février, le futur pape ne devra ressembler ni à Jean-Paul II ni à Benoît XVI pour 51% des Français (55% des pratiquants réguliers), même s'ils sont 43% à faire référence au premier et 3% au second. La majorité des personnes interviewées (62%), y compris catholiques (61%), indiquent aussi n'avoir pas de préférence sur l'origine géographique du futur pape, alors que 10% souhaiteraient qu'il soit Français et 11% Africain.

On note cependant une attente pour un pape plus moderne sur les questions de société. Ainsi, 86% des Français (et 69% des pratiquants réguliers) voudraient que l'Eglise prenne position en faveur du préservatif et 85% (58% des pratiquants réguliers) qu'elle renonce au célibat des prêtres.

 

«Un rapport apaisé à la religion» 

La possibilité d'ordonner des femmes prêtres creuse encore des écarts entre les pratiquants réguliers, à 55% hostiles, et l'ensemble de la population qui soutient massivement cette idée (80%), y compris les pratiquants catholiques occasionnels. Mais seule la question de savoir si l'Eglise devrait soutenir le mariage homosexuel rencontre une majorité d'opposants tant chez les Français que chez les catholiques occasionnels (66%) ou réguliers (81%).

«On sent que l'on est dans un pays où l'on est dans un rapport assez apaisé à la religion catholique plus d'un siècle après la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat. On ne pouvait pas en dire autant en 1984 au moment des manifestations pour l'école libre», souligne Gaël Sliman, directeur de BVA Opinion.

En atteste la perception de la «juste place» de cette religion dans la société selon 59% des personnes (60% chez les catholiques), notamment pour les autres confessions (70%). Seuls les pratiquants réguliers (54%) sont majoritaires à revendiquer une place accrue. Au plus fort du débat sur le mariage pour tous, les clivages sont moins marqués que l'on peut le croire.

Il y a aussi un désir important de dialogue avec les autres religions manifesté par 75% des Français (73% des catholiques). Selon Antoine D'Abbundo, rédacteur en chef du Pèlerin, qui titre cette semaine sur ce qu'attendent les catholiques, la relation avec le monde arabo-musulman a été finalement placée au cœur du pontificat de Benoît XVI, après le controversé discours de Ratisbonne.

«Le prochain pape aura aussi à dire des choses sur l'environnement, sur la régulation d'une économie au service de l'homme, de la justice sociale et assurant la paix», affirme-t-il. Sur les questions sociétales, en revanche, «les Français risquent d'être déçus, car il est peu probable qu'elles soient au centre de la dynamique du conclave»

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