L'actu vue par
L'actualité de la semaine est commentée par Tristan Waleckx, journaliste à France 2 et présentateur de Complément d'enquête.

Un site de désinformation, The Gateway Pundit, démonétisé par Google après un reportage de Complément d’enquête, « Fake news, la machine à fric ».

Le calendrier nous laisse penser que Complément d’enquête n’y est pas pour rien. Google permettait jusqu’au 27 août à un des plus grands sites de désinformation au monde d’intégrer son système de monétisation publicitaire. Interviewé dans le reportage, Benoît Tabaka [directeur des relations institutionnelles de Google] s’était engagé à regarder notre liste des sites de désinformation et à prendre les sanctions adéquates. On pouvait y trouver un article affirmant que les masques étaient inutiles contre le covid et pouvait amener à une mort prématurée ou qu’il y avait une vidéo de Joe Biden faisant un appel au djihad. C’était en contravention avec la réglementation de Google. Mais 50 millions de vues, c’était un tel volume….



Les reporters envoyés sur le terrain à Kaboul qui doivent composer avec les talibans.

On a pu voir le reportage de Dorothée Ollieric, grand reporter à France 2, sur révolte des femmes qui vont manifester contre les talibans. Malgré la tension et la dangerosité du contexte, il est hyper important d’envoyer des gens. Tant que les caméras sont là, les talibans ne peuvent pas faire n’importe quoi. Quant à la nécessité de composer, cela s’applique à toutes les thématiques quand on nous ouvre des portes. Au journaliste de faire la part entre le degré de manipulation et la réalité. Plus on est transparent sur les coulisses et les conditions de fabrication d’un reportage – et c’est ce qu’on fait à France TV -, mieux c’est, alors qu’il y a énormément de défiance sur le travail des journalistes.



Éric Zemmour qui reste à l’antenne de CNews et dont la candidature à la Présidentielle est aujourd’hui testée par les instituts de sondage.

Je ne suis pas patron de CNews et je n’ai pas à juger. Si un cas similaire arrivait à France Télévisions, il serait impossible d’avoir une émission avec quelqu’un qui a été condamné par la justice pour provocation à la haine raciale. Et chez nous, un candidat à la moindre élection locale doit se retirer de l’antenne. Dans un devoir de transparence, ce type de situation ne pourrait pas arriver. On peut se poser des questions sur le traitement du nouveau procès de Zemmour sur les mineurs migrants isolés et sur la façon dont la chaîne va suivre son éventuelle candidature.



Les manifestations anti-passes sanitaires et antivax.

On essaye de ne pas être trop caricaturaux en n’interviewant pas que les plus radicaux. Il y a les anti-passes sanitaires et les anti-vaccins, et ils ne se limitent pas à Jean-Marie Bigard et Francis Lalanne. Ne répétons pas les erreurs de la couverture des Gilets jaunes, au départ contestable. La remise en question doit être permanente pour ne pas alimenter la défiance, et la couverture, nuancée. L’antidote au fake news, c’est l’enquête indépendante où l’on montre qu’on ne roule pour personne. D’un autre côté, c’est vrai qu’il y a des gens violents qui ont une haine du journaliste qui représente l’élite, et on est contraint de tourner avec des gardes du corps. Il y a une part de plus en plus grande de journalistes d’opinion et ceux qui payent sont ceux qui vont sur le terrain.



Arnaud Lagardère affirmant dans Le JDD que Vincent Bolloré est une « bénédiction » pour Europe 1.

Ça peut être vrai. Pour avoir travaillé sur lui en 2016, c’est un très bon chef d’entreprise qui peut relancer des activités. Mais il a un problème avec le journalisme en général et le journalisme indépendant en particulier. Si on en juge par le nombre de départs à Europe 1, et ce qui s’est passé à iTélé et à Canal+, il reste à démontrer que c’est une bénédiction pour le journalisme.



Le procès de l’attentat du Bataclan qui attire les médias du monde entier.

Il y a une grosse réflexion à France TV pour accomplir notre devoir d’informer en couvrant ce procès avec délicatesse. Les familles ont d’ailleurs fait remonter qu’il était douloureux pour elles de parler de « procès du Bataclan ». Donc, dans ce procès des attentats du 13 novembre 2015, on veillera à ne pas avoir une couverture trash.

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