Tribune
Trop de mises de compétition ne se déroulent pas dans des conditions acceptables. Il est temps de repenser ces pratiques pour qu'enfin les appels d'offres, publics comme privés, permettent la santé économique de nos agences.

Avocats de votre réputation, médecins de votre communication, architectes de vos événements, nous œuvrons quotidiennement à vos côtés pour inventer les solutions inédites à vos problématiques. Quand vos objectifs sont posés, ils deviennent les nôtres. Nous nous efforçons d’agir à vos côtés en partenaires bien plus qu’en prestataires.

Notre première rencontre se déroule souvent à travers un appel d’offres. Nous aimons les appels d'offres. Nous les aimons parce que nous sommes passionnés par les rencontres, la découverte d’une entreprise, de ses produits, de ses projets. Nous aimons l’émulation du processus de création, les doutes de dernières minutes puis l’évidence quand elle surgit. Nous aimons le coup de fil qui confirme que c’est nous. Moins l’autre. La vérité, c’est que nous sommes plein d’agences avec du talent, et nous comprenons que le choix puisse être difficile. Alors nous jouons le jeu de la mise en compétition.

Mais cette mise en compétition prend trop souvent une tournure inacceptable. Les appels d’offres sont lancés à tout bout de champ, sans limite de candidats, sans transparence sur leur identité, sans présélection sur dossier et le travail demandé va toujours grandissant. Des notes d’intentions détaillées, des stratégies sur mesure, des concepts créatifs originaux quasiment finalisés sont exigés de nous en phase concours. Sans rémunération, ni dédommagement. Pourtant, tout travail mérite rémunération.

Des millions d’euros de manque à gagner

Ces pratiques sont un poison lent et sourd pour nos activités. Nos équipes s’épuisent, nous perdons la joie et le sens de nos métiers. Nos talents s’en vont, découragés. Nous peinons à recruter ceux que vous exigez. Chaque semaine dans nos agences, des centaines d’heures sont englouties par les compétitions non rémunérées. Ces pratiques, qui creusent nos marges de près de 20%, engendrent chaque année plusieurs millions d’euros de manque à gagner. Imaginez que dans chacune de nos activités, un jour de travail par semaine part en fumée à cause des appels d’offres non remportés. C’est une perte sèche pour les candidats non retenus, dont la planète subit également les conséquences en matière d’impact carbone.

Si le sujet concerne autant le secteur privé que public, à l’heure où l’État est le premier soutien des entreprises, les appels d’offres publics se doivent d’être exemplaires. Ce n’est malheureusement pas le cas. On y retrouve exactement les mêmes abus. Rémunérer nos créations, c’est permettre aux indépendants et à toutes les entreprises, petites comme grandes, d'accéder à la commande publique. C’est aussi une façon de garantir que l'efficacité de la commande publique ne se fasse pas au détriment du plus grand nombre.

Il est urgent de repenser ces pratiques, tout comme le code de la commande publique. Ce serait un signal fort et vertueux de la part des pouvoirs publics et un outil formidable pouvant servir d’exemple pour le secteur privé.

La situation n’est pas nouvelle : depuis 20 ans, toutes les organisations professionnelles militent en vain sur ce sujet, mais le changement est dans l’air du temps. Depuis un an, les initiatives se multiplient et la récente tribune « Non aux créations gratuites » (1), co-rédigée par 31 organisations professionnelles et signée par plus de 7 000 professionnels en moins d’une semaine, démontre de l’urgence du sujet. C’est une mobilisation inédite, dépassant largement le cadre des chapelles habituelles.

Il est temps que tous les professionnels de la communication fassent entendre leur voix. Nous sommes nombreux, très nombreux, à vouloir mettre un terme à ces appels d’offres dont nous faisons tous les frais. Ensemble, nous pouvons réussir aujourd’hui, là où, jusqu’à présent, chacun avait échoué.

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