Recentrage sur les métiers rentables du groupe, développement dans les activités en croissance ou à forte valeur ajoutée, optimisation des coûts, revue d'actifs sur la diversification... La directrice générale, Christel Heydemann, va passer l'entreprise aux 140.000 salariés dans une nouvelle ère d'hybridation des télécoms et du digital.
« L’ambition de notre plan est de valoriser et développer ces forces pour positionner Orange comme le groupe qui bâtit l’avenir des télécoms et des solutions digitales ». Ce jeudi 16 février, devant les analystes financiers, Christel Heydemann, la directrice générale d’Orange, a profité des excellents résultats de son groupe pour présenter son plan stratégique. Elle fait du suivi de « l'exécution » sa « touche personnelle ». Avec un bénéfice net multiplié par trois en 2022, à 2,62 milliards d'euros, un chiffre d’affaires en légère hausse, à 43,47 milliards d'euros (+0,6%), en bonne partie grâce à la zone Afrique-Moyen-Orient (+6,4%), le géant entend capitaliser sur ses ressources propres et son « cœur de métier ».
Son plan intitulé « Lead the future » trace la voie à suivre jusqu’en 2025 et se décline à travers trois mots clés : « agilité, résilience et performance ». En France, principal marché du groupe, le chiffre d'affaires est en baisse de 1,1%, à 18 milliards d'euros, malgré la conquête de 339 000 nouveaux clients fibre. Passage en revue des difféntes priorités du groupe.
Le réseau. Il s’agit d’abord pour l’opérateur de miser sur sa position de force dans la fibre, où avec 46 millions de prises (FTTH) en Europe, il occupe le tiers des raccordements. L’idée est d’apporter une expérience personnalisée associant les canaux physiques et purement digitaux, avec de l’intelligence artificielle et de la data. Une mesure de la performance est aussi prévue.
Parallèlement à la fibre, la 5G ou la 4G, une nouvelle offre satellitaire sera créée courant 2023 avec une proposition commerciale « nouvelle génération ». Eutelsat est partenaire pour apporter une offre très haut débit aux clients les plus isolés.
Les partenariats. Il s’imposent désormais partout. Avec MasMovil, pour une joint-venture qui redonne des perspectives à Orange en Espagne. Ou avec Deustche Telekom, Telefonica et Vodafone pour créer une plateforme technologique basée sur le consentement des utilisateurs en Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni et Espagne. Orange a reçu le feu vert de la Commission européenne pour bâtir cette coentreprise qui prendra la forme d’une adtech traitant à la fois de publicité digitale et d’activités de marketing numérique des marques.
Les infrastructures. Sur le réseau fixe, 5 millions de prises supplémentaires sont prévues en Europe. 2 millions en Afrique et au Moyen Orient. Sur le mobile, Orange entend revaloriser la location des sites auprès des opérateurs tiers. Totem, la filiale qui détient et gère les infrastructures mobiles passives des tours télécom en France et en Espagne, entend être un acteur de la consolidation de ce secteur. Son CA atteint 685 millions d'euros (+14,9%).
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Les économies. « 600 millions d'euros supplémentaires sur une base de coûts de 11,8 milliards d'euros » d'ici 2025, selon la direction, qui affirme que ce n’est pas davantage qu’entre 2019 et 2022 où « plus de 700 millions d'euros » ont été économisés.
Les prix. Christel Heydemann veut revaloriser ses offres en tablant sur le fait que le consommateur est prêt à payer la qualité. Il s'agit aussi de compenser l'inflation (à 70%) par des hausses de prix, qui seront fixées par marché. Le confort technologique se paye aussi : 3 euros de plus pour la 5G (par rapport à la 4G), 5 euros de plus pour la fibre par rapport à l'adsl... Sur le prix de gros de la ligne de cuivre, appelée à disparaître, il faudra compter aussi 2 euros de plus sur une facture actuelle de 9 euros.
Orange Business Services. Cette entité BtoB voit sa profitabilité se dégrader de trimestre en trimestre. Rebaptisée Orange Business, elle entend désormais se vendre en « leader de solutions de connectivité nouvelle génération », autrement dit sécurisées et fondées sur la confiance. Fini donc la séparation entre réseaux et services numériques, une évolution de son modèle économique ira de pair avec un « recentrage de son portefeuille d’offres ». Il est du même coup prévu « un programme d’envergure d’optimisation des coûts » qui n’épargnera pas le sommet de la hiérarchie.
L'innovation. Il s'agit de mieux prioriser les idées en se concentrant sur les technologies de réseaux, comme le wifi. Christel Heydemann entend aussi changer d'échelle en expérimentant des innovations auprès d'une clientèle, avant même tout projet de commercialisation.
La cybersécurité. C’est une des voies principales de développement pour Orange. L’activité devra prendre le leadership en Europe d’ici à 2025, en atteignant 1,3 milliards d’euros. Orange Cyberdéfense devra croître organiquement et par des « acquisitions ciblées ».
L'Afrique-Moyen Orient. Cela reste l’un des plus puissants moteurs du groupe. Le déploiement des réseaux se poursuivra sur le continent et l’activité moyenne prévue est de +7% par an jusqu’en 2025. Orange Money, qui compte 29 millions de clients, va aller au-delà du transfert et du paiement pour devenir une plateforme digitale de services.
La diversification. Alors que la plateforme de cinéma et de séries OCS vient d’être cédée à Canal+, Orange Bank fait l’objet d’une revue d’actif qui décidera de son sort. Une perte de 200 millions d’euros a été enregistrée dans cette activité en 2022.
La RSE. Réductions de 30% des émissions de CO2 sur les scopes 1 et 2 d’ici 2025 et de 45% sur les scopes 1,2 et 3 d’ici 2030. Les mobiles seront 30% à être recyclés en Europe d’ici trois ans. L’objectif reste le net zéro carbone d’ici 2040. 5000 salariés vont être formés pour évoluer vers les nouveaux métiers de la data, du cloud, de la cybersécurité et de l’IA.