Cybernétique
L’avenir de l’homme se conjuguera-t-il avec celui des robots? Pas si sûr, répond M6 Publicité dans la 10ème édition de son cahier de tendances. Au contraire, même. Il semble que l’humain, doué d’émotion, reprenne la main sur les bots. Chacun à sa place!

«Debout, tu vas être en retard. N’oublie pas ton parapluie, il va pleuvoir. Tu me manques, quand rentres-tu?» Ces gentils échanges, qui ne les a pas entendus dans un couple? Une vraie banalité, même pour des célibataires qui désormais peuvent aussi compter sur une compagne ou un compagnon… virtuel. Enfermée dans son bocal de verre, Azuma Hikari, représentation holographique inspirée d’un dessin manga, dialogue avec son maître, échange des textos, passe les commandes sur internet et rallume le chauffage et les lumières de l’appartement juste avant son retour.

Gatebox, nom de cet «assistant», peut être précommandé auprès de la start-up japonaise Vinclu pour 2700 dollars. Azuma Hikari est la réalité d’un quotidien où les robots s’installent, comme le rappelle Anne Feuillas, chargée d’études senior chez M6 Publicité dans le cahier de tendances que la régie présente ce jeudi 30 mars. «Nous assistons à de nouveaux contrats sociaux entre humains et robots, explique-t-elle. Les “bots” sont de plus en plus à notre service.»

La régie, qui célèbre le dixième anniversaire de son outil consacré à la prospective, met en avant la valise Piaggio qui nous piste, les Parking Chairs de Nissan, des sièges qui se rangent tout seuls après une réunion, ou Wiigo, le caddy sur roulette d’Intermarché qui suit le client dans les rayons. «Avec Gatebox, nous sommes dans un nouveau degré de relation, celui de l’émotion», précise Anne Feuillas qui prédit pour cette année la généralisation de la télécommande vocale pour son téléviseur.

Objectif Lune

Pour autant, selon M6 Publicité, nous ne nous dirigerions pas vers un monde entièrement contrôlé par les robots et dicté par l’intelligence artificielle. «C’est le risque de l’enfermement algorithmique», résume la jeune femme qui tente de rassurer: «L’homme reste là pour imaginer et être créatif.» Ainsi, la réalité n’a pourtant jamais été autant proche de la science-fiction, rappelle le cahier de tendances de M6 Publicité, en citant Elon Musk, patron de Tesla et de Space X, entreprise qui pourrait bientôt envoyer des touristes visiter la face cachée de la Lune.

L’humain reste maître de la technologie. Mieux: l’espèce humaine peut même se montrer beaucoup plus performante que les machines. La preuve avec Ask Wonder, un site où l’on peut poser n’importe quelle question et à laquelle répondra… un humain. Un principe réinventé: dans les années 70, SVP 11 11 offrait déjà le même type de service mais, à l’époque, via le bon vieux téléphone. M6 Publicité met également en avant le projet Bridges dont l’objectif est de créer des ponts entre communautés afin de trouver des réponses entre humains, la technologie n’étant là que pour les relier.

Justement, les marques reviennent au contact humain, mais à la sauce «Uber» comme Grosbill qui, en dehors des heures ouvrables, confie son service client à une communauté d’internautes experts baptisée Ibbü et mise en place par I-Advize. Ces particuliers sont rémunérés pour ce service. Le voyagiste Tui, pour Club Marmara, a également opté pour cette solution. «C’est une réponse au besoin de consommateurs souhaitant parler constamment avec les marques», observe Anne Feuillas de M6 Publicité. Sur ce cas, l’homme est donc plus fort, et peut-être même plus rentable, que les «chatbots», ces services de dialogue automatiques.

À vos souhaits

Cette reprise en main par l’homme, sur un avenir que l’on prédisait piloté par les robots, s’illustre pour le cahier de tendances par un événement original: le championnat des souhaitables, initié en 2014 par l’Institut des futurs souhaitables, un laboratoire d’idées où c’est l’humain qui décide de ce que sera son futur, avec robots ou pas. «Il n’y aura pas de guerre entre les humains et les robots», rassure Anne Feuillas qui nous met tout de même en garde sur un autre point: «Notre capacité moyenne de concentration est tombée de 12 secondes dans les années 2000 à 8 secondes aujourd’hui», rapporte-t-elle, citant une étude de Microsoft. «C’est moins… qu’un poisson rouge», regrette la spécialiste des études.

Une tendance qui justement intéresse particulièrement la rédaction de M6 à la recherche du meilleur moyen de communication pour capter les téléspectateurs, et plus particulièrement les jeunes générations. Ce sera sans doute, donc, avec des formats encore et toujours plus courts. Peut-être aussi grâce à Azuma Hikari, notre future assistante virtuelle, avec laquelle, alors que l’on attendra le soir à la maison la livraison du repas qu’elle a commandé en s’appuyant sur nos goûts culinaires, on discutera politique. Qui sait?

Le paradoxe humain

Avec ou sans robot? Difficile de prédire notre avenir. D’autant que le cahier de tendances de M6 Publicité met l’homme face à ses contractions. Aidé par des outils de traduction instantanées (oreillettes Pilots ou mégaphones Panasonic), il s’ouvre au monde et dans le même temps privilégie l’ultra-local en se revendiquant par exemple d’un quartier. Méfiant face à l’émergence des robots et l’intelligence artificielle, il n’hésite cependant pas à tester les tatouages connectés (Duoskin, en association avec Microsoft) permettant de communiquer avec un ordinateur ou un smartphone.

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