Entreprises
Retour au bureau, motivation des salariés, changement de posture du manager… Le champion olympique et expert en motivation et performance Edgar Grospiron revient pour Stratégies sur les défis qui attendent les entreprises en cette rentrée.

Sentez-vous les salariés motivés en cette rentrée ?

Edgar Grospiron : Plusieurs facteurs d’incertitudes impactent la motivation des salariés. Il y a d’abord celles qui sont liées au télétravail, avec un certain nombre d’entreprises qui sont en train de modifier les contrats de travail en intégrant des jours de travail à distance. Ça bouscule les habitudes des salariés mais aussi des managers, et ça appelle pas mal de questions chez eux (est-ce que ces jours sont fixes, obligatoires…). D’un point de vue pratique, l’organisation du travail est aussi bousculée avec la réduction de la superficie des bureaux et la mise en place du flexoffice dans beaucoup d’entreprises. Enfin, la relation managériale a changé depuis le début de la pandémie, avec un degré d’autonomie accru pour les salariés et les responsabilités qui vont avec. Toutes ces incertitudes impactent la motivation des salariés mais aussi des managers, et avec elle leur capacité à accepter le changement.

Comment donner envie aux salariés de revenir au bureau ?

Les gens ont envie de revenir au bureau. En dix-huit mois de pandémie, ils ont vu les avantages et les inconvénients du télétravail, comme du travail en présentiel. Ils veulent aujourd’hui prendre le meilleur des deux mondes. Par exemple, prolonger le week-end en télétravaillant le lundi et le vendredi. Mais il y a une volonté d’aller au bureau, un besoin de se retrouver qui dépasse la seule contrainte des transports. On note seulement un petit décalage d’un ou deux jours par semaine entre la volonté des patrons d’avoir davantage leurs salariés sur place et celle des salariés d’y retourner.

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Comment régler ça ?

Le télétravail est encore aujourd’hui à la carte dans beaucoup d’entreprises. Les patrons pourraient être tentés d’imposer aux salariés d’être au bureau tel ou tel jour mais la grande souplesse qui prévaut leur permet dans le même temps de réorganiser leurs bureaux en flexoffice et de gagner des mètres carrés. Par exemple, une grande banque que je conseille a divisé sa surface de bureaux par deux à Bruxelles et a quitté quatre étages sur neuf à La Défense. C’est un vrai gain en termes de loyer. Pour cette raison, les patrons sont obligés de laisser le télétravail à la carte car sinon, ils ne pourraient pas passer leurs bureaux en flexoffice.

Au-delà des mètres carrés gagnés, qu’est-ce que permet le flexoffice ?

Il permet de réhumaniser les plateaux. Dans cette grande banque dont je parlais, en mettant tout le monde au même étage, ça a créé plus d’échanges, plus de partages, plus de convivialité. Le flexoffice permet d’avoir une vie sociale au bureau plus dynamique, ça crée du lien.

Qu’est-ce que le covid a changé dans la manière de manager ses équipes ?

Quelque chose s’est passé du côté des managers, pour lesquels la période a été plus difficile à vivre. La pandémie a créé une distance qui a renforcé l’autonomie des salariés. Ça les a motivés, ils ont été plus proactifs, plus investis et plus responsables. Pour les managers, ça a pu être difficile à vivre. C’est la grande leçon à titrer de la pandémie : les managers doivent apprendre à lâcher la bride et à devenir des managers coachs, des gens qui sont là pour créer les conditions pour que leurs collaborateurs puissent réussir. Leur rôle n’est pas de les contrôler. Avec la pandémie, le management a dû se réinventer à marche forcée.

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