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Portrait. Les deux défis de Carlos Diaz, dirigeant de Kwarter, installé dans la Silicon-Valley et ex-porte-parole des «Pigeons»: fidéliser ses collaborateurs volages et défendre la cause des entrepreneurs.

La photo de ses embrassades appuyées avec le président de la République a fait la Une des journaux du monde entier. Le «hug» de Carlos Diaz, fondateur de Kwarter et porte-parole des «Pigeons», le 12 février dernier, lors de la visite officielle du président dans la Silicon Valley, a été presque autant médiatisé que le cliché volé de Closer révélant sa liaison avec Julie Gayet (la comparaison s'arrête là). Il faut dire que ce geste, ce «câlin», avait une portée symbolique: affirmer la grande réconciliation entre le président et les créateurs de start-up.

«Je l'ai pris comme un vrai signe d'encouragement pour les entrepreneurs, injustement stigmatisés et considérés comme des jeunes cons ou des millionnaires sans scrupules», explique celui qui a été porte-parole du mouvement des «Pigeons» en octobre 2012. Un beau coup de com' aussi pour Carlos Diaz. Cet entrepreneur à succès dirige aujourd'hui Kwarter (une dizaine de collaborateurs), après avoir fondé avec son frère Manuel l'agence digitale Reflect (devenue Emakina), puis Bluekiwi (réseaux sociaux d'entreprises).

Rois de l'Internet en Limousin

L'histoire a débuté à Limoges avec Reflect: «En 1998, une journaliste avait titré un article dans Le Populaire du Centre: “Les frères Diaz, rois de l'Internet en Limousin”, se remémore Carlos. Là on s'est dit qu'il fallait partir sur Paris.» Une étape importante pour ces entrepreneurs en série. «Au départ, chez Reflect, avec Manuel nous avons fait plein de conneries en termes de management, car nous avions un mode de gestion très patriarcal, il a ensuite évolué au fil de nos expériences, reconnaît Carlos Diaz (diplômé de lettres), qui se définit comme un manager autodidacte. Je n'ai pas du tout fait d'école de management, j'ai appris le monde de l'entrepreneuriat et du digital en le pratiquant.»

Depuis qu'il s'est installé dans la Silicon Valley, il a dû encore faire évoluer ses façons de faire: «J'ai commencé par appliquer des méthodes françaises, mais ici ça ne fonctionne pas du tout. Le rapport de force est inversé: les salariés sont en quête d'un projet qui va améliorer leur CV, d'une start-up qui va surperformer et les rendre millionnaires avant 30 ans. Pour les garder, j'essaye d'accorder un maximum de place aux gens dans le projet.»

Du coup, le patron un peu autoritaire des débuts s'est transformé en coach, en capitaine d'équipe. «Carlos est un leader dans l'âme, il a une vraie vision, et n'a pas de problème pour emmener ses équipes avec lui, juge Christophe Routhieau, qui a cofondé Bluekiwi avec lui. Il a toujours un coup d'avance. En revanche il faut être sûr de soi quand on travaille avec lui car il va très vite et il est très fort pour challenger les idées.»

Son management est très à l'américaine, poursuit son frère Manuel: «Il responsabilise les collaborateurs avec une règle, les meilleures idées doivent gagner, peu importe le niveau hiérarchique. Et en cas de conflit avec un salarié, nous sommes l'un comme l'autre, très direct et très frontal. Surement nos racines latines.»


- Son parcours en bref :
1973. Naissance à Limoges (Haute Vienne)
1995. Maitrise de lettres et civilisations étrangères (Université de Limoges)
1996. Fonde groupe Reflect (racheté par Emakina en 2007), une agence digitale avec son frère Manuel (18 ans), à Limoges.
1999. Installation sur Paris de l'agence Reflect.
2006. Créé Bluekiwi avec Christophe Routhieau et deux autres associés, et lève 4 millions d'euros auprès de Sofinnova (en 2007).
2007. Reflect est racheté par le groupe belge Emakina.
2009. Dassault Système investit dans Bluekiwi ; Bluekiwi rachète par Atos en 2011.
2012. Initiateur et porte-parole du mouvement des « Pigeons » ; Créé Kwarter à San Francisco, spécialisée dans la social TV.

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