Chaque matin, dans les nouveaux locaux de Just Unfollow, en banlieue de Bombay (Inde), l'équipe de Nischal Shetty se livre à un quart d'heure «stand up». Onze personnes debout en rond expliquent leur objectif de la journée. «Cela rend tout le monde enthousiaste et cela crée une ambiance d'entraide et de dialogue», explique le chef d'entreprise de 28 ans, qui prend avec simplicité le succès grandissant de sa société.
Just Unfollow ("arrêtez de suivre") est une application Twitter qui permet de savoir quelles personnes parmi les comptes auxquels vous êtes abonnés ne vous suivent pas en retour. Certaines fonctionnalités payantes permettent aussi d'identifier les spammers ou les faux profils. Lancée en février 2010, elle totalise 5 millions d'utilisateurs, s'imposant comme un des principaux outils de gestion de comptes Twitter, notamment parmi les professionnels.
Si la réussite ne lui monte pas à la tête, Nischal Shetty ne freine pas ses ambitions. Il s'apprête à lancer un nouveau produit qui permettra de croiser les données de plusieurs réseaux sociaux pour «trouver de vrais amis partout» (Find Right Friends Everywhere). L'entreprise devrait aussi changer de nom et s'ouvrir aux investisseurs. Objectif: atteindre 50 millions d'utilisateurs et passer de 1 à 10 millions de dollars de chiffre d'affaires en un an. «Cela nous paraît réalisable au vu de ce que nous avons déjà accompli», affirme-t-il.
Au départ, Nischal Shetty développe Just Unfollow le week-end, comme un passe-temps. La semaine, il travaille comme développeur chez Burrp.com, un site de critiques de restaurants. Le soir, il alimente son blog, Twi5, où il teste plus de 600 applications Twitter. «Je n'avais pas de vie sociale, la première et la dernière chose que je faisais dans ma journée c'était de regarder mon ordinateur portable», sourit-il.
Ouvert le week-end
Aujourd'hui, il travaille toujours autant mais le projet a pris une dimension collective. «Nischal est un bosseur, il s'occupe aussi bien du développement, du marketing, que du support technique, témoigne son proche collaborateur Sameer Mhatre, le premier à avoir rejoint Just Unfollow en 2010. A chaque nouvel arrivant, il dit: “tu peux m'appeler le soir ou le week-end si tu as une question, ça ne me dérange pas” et c'est vrai. Il est ouvert, il est disponible et il est toujours là en cinq minutes.»
En février 2013, Just Unfollow embauche son quatrième salarié, puis neuf autres suivent jusqu'à décembre. D'ici février 2014, la start-up devrait compter 16 personnes. Le principal critère de recrutement: «Avoir déjà fait quelque chose tout seul, à part un job normal». Sa principale difficulté? «Les Indiens sont bons en e-commerce, en applications B to B, mais il y a encore peu de produits orientés consommateurs, donc moins de compétences dans ce domaine».
Horaires flexibles, hiérarchie «horizontale», environnement amical, valorisation de l'initiative individuelle - chaque salarié choisit par exemple le modèle d'ordinateur sur lequel il souhaite travailler: Just Unfollow affiche une culture similaire à beaucoup de start-up. Avec comme spécificité cependant le droit à l'erreur, cher à son fondateur. «Je suis ouvert à l'erreur, nous en faisons tous, il ne faut jamais se décourager», déclare-t-il. Sur son site personnel, il a choisi pour slogan «L'échec m'obéit».
Son parcours en bref
2007. Diplôme d'ingénieur informaticien au NMAMIT College de Mangalore
2009. Développeur chez Burrp.com. Lance son blog Twi5
Février 2010. Première version web de JustUnfollow
Mars 2011. Démissionne de Burrp.com
Juin 2011. Sélectionné par le programme du gouvernement chilien « Start-Up Chile » pour une autre application, Grabinbox
2012. Lancement des appli iPhone et Android de JustUnfollow
Octobre 2013. JustUnfollow atteint les 5 millions d'utilisateurs
