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A la tête de la société de reproductions d’œuvres d’art, Art.com, Geoffroy Martin manage à l’américaine. Avec minutie et un sens affirmé de l'efficacité.

Les célèbres dessins du New Yorker, les couvertures de Vogue ou des portraits de personnalités publiés dans Vanity Fair... Voilà ce que l'on trouve dans la boutique e-commerce du groupe Condé Nast aux Etats-Unis. C'est Art.com qui a développé et gère ce «Condé Nast Store». Une diversification logique pour Art.com, un site spécialisé dans la vente de reproduction d'œuvres d'art en ligne et la décoration murale. L'entreprise, née en 1998, a réalisé en 2013 plus de 150 millions d'euros de chiffre d'affaires, compte 700 salariés et dispose de deux usines dans le monde (une dans l'Ohio aux Etats-Unis et l'autre aux Pays-Bas).

Elle vient de débarquer en France, avec le lancement d'Art.fr et l'ouverture d'un bureau à Paris. Et ce n'est pas un hasard: «Le marché de l'art dans le monde représente 14 milliards de dollars aux Etats-Unis, 14 en Europe et 12 dans le reste du monde», chiffre Geoffroy Martin, le dirigeant de l'entreprise. Dans chaque pays, Art.com noue des partenariats avec les artistes ou les détenteurs des catalogues, comme la Réunion des musées nationaux (RMN) en France, afin de commercialiser les reproductions. Le site propose ainsi 750 000 images uniques.

 

Favoriser la prise de risque

Le patron d'Art.com est français: Geoffroy Martin, un quadragénaire, ingénieur de formation, qui a mené toute sa carrière aux Etats-Unis. «Je suis devenu très vite chef, pas en appliquant un management par l'autorité, mais par les objectifs, explique-t-il. Avec moi, tout le monde commence avec un capital confiance de 100%; avec le temps, il diminue ou pas. C'est pour cela que je donne des instructions très claires au départ.» Ensuite, le manager garde un œil en permanence sur les tableaux de bord: «Dans le monde du digital, on peut tout mesurer, je surveille les ventes en temps réel», reconnaît-il. Un manager qui ne cache pas son exigence: «Mais je donne aux gens deux ou trois chances avant de leur donner congé.»

Cet ingénieur, qui admet être plus patient qu'avant, a aussi une exigence technologique: «Il a poussé l'investissement dans la R&D avec la création de "Art.com Labs", ce qui a permis à la société de rester à la pointe de la technologie. D'ailleurs, dans l'entreprise, près de la moitié des salariés sont des ingénieurs», explique Michelle Ticknor, directrice des contenus d'Art.com. Dernière innovation de l'entreprise, un logiciel qui se veut une sorte de Shazam de l'art: «Vous prenez en photo une œuvre dans un musée, et nous vous en donnons le nom et l'artiste», note Geoffroy Martin. Pour pousser cette créativité, le dirigeant favorise la prise de risque et ne craint pas les échecs: «Je veux que les gens se plantent.»

Quand il recrute au siège de l'entreprise, à San Francisco, où l'on compte une dizaine de Français, le patron vérifie en outre systématiquement les CV: «J'essaie de trouver des références que les candidats ne m'ont pas données, auprès d'investisseurs par exemple», souligne-t-il. Une démarche très courante outre-Atlantique. Prochaine étape pour Art.com en France, une campagne de publicité, probablement à la télévision, afin de développer la notoriété de la marque.


Encadré

Son parcours en bref

 

1970. Naissance à Paris.
1995. Diplômé de l'Ecole centrale Paris et de l'Ecole polytechnique de Turin.
1995. Création de la filiale à Chicago, aux Etats-Unis, dans le cadre d'un joint-venture chez Genesys/USN Communications.
1997. Directeur des opérations d'USN Communications (télécoms).
1998. Directeur plateforme développement de ONI Systems (télécoms).
2005. Directeur général d'Art.com et, depuis 2010, président-directeur général.

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