Vincent Lévy est à la tête d'un site e-commerce original: il ne réalise pas de chiffre d'affaires! «Avec but.fr nous sommes des “apporteurs d'affaires” pour les magasins, explique le directeur internet de l'enseigne de distribution spécialisée. Le chiffre d'affaires dégagé via le site est directement affecté à la boutique où le produit est retiré, ou le plus proche de l'adresse de livraison».
Pourquoi? Parce que les plus de 200 magasins But sont en majorité en franchise; du coup le site web ne doit surtout pas leur faire de concurrence. «Nous avons réussi à créer un site marchand dans un univers de franchises sans guerre des réseaux», se targue-t-il.
En 2006, quand Vincent Lévy arrive chez But, au siège de Marne-la-Vallée pour prendre en charge le web, il est bien seul. Depuis le site a été lancé et aujourd'hui son département comprend 21 personnes: community manager, graphistes, chefs de produits, e-merchandiser... Et il n'en finit pas de grandir: l'équipe devrait finir l'année à 25 personnes, avec l'embauche de deux e-merchandiser et de chefs de produits.
Feuille de match
«Nous sommes une petite start-up dans l'entreprise avec une grande diversité de métiers, plongée dans un autre monde que la distribution classique, explique le manager. Et pourtant nous travaillons avec l'exploitation, l'informatique, les services commerciaux, le marketing...»
Pour rester connecté avec les nouvelles tendances, le manager s'est déjà envolé pour la Silicon Valley avec un chef de projet, afin de visiter Paypal, Microsoft... Parmi les dernières innovations sur le site en cette rentrée 2013: un outil de réalité augmentée disponible sur Ipad pour tester ses meubles chez soi.
Au quotidien, le directeur Internet gère des troupes plutôt jeunes: 28-30 ans de moyenne d'âge. «Il est installé, comme nous, au milieu de l'open-space et il dirige la jeune génération avec beaucoup de patience, même s'il peut y avoir des coups de gueule, qui sont en général justifiés», constate Pascal Heussner, responsable trafic management.
Vincent Lévy avoue pourtant être parfois déstabilisé par ses jeunes recrues: «La façon dont ils appréhendent le travail, l'entreprise, est différente; ils ont souvent tendance à considérer qu'ils ont beaucoup de droits mais peu de devoirs vis-à-vis de leur société. Et sont un peu "robotisés". Avec eux j'abandonne parfois le côté paternaliste dans mon management», conclut-il.
Le directeur Internet est baptisé le «grognon» par certains de ses collaborateurs pour sa tendance à ronchonner, quand des non-experts du web viennent lui prodiguer des conseils. «Vu de l'extérieur du département, le digital est souvent considéré comme une activité facile, ludique et fun, juge Rachelle Claisse, responsable e-merchandising et production sur But.fr. Notre travail est en réalité très technique, stratégique, et demande beaucoup d'énergie.»
Au fond, être directeur du digital chez un annonceur, c'est un peu comme être entraîneur de l'équipe de France de football, tout le monde a un avis sur la bonne feuille de match... Et bien sûr, sait exactement ce qu'il faut faire pour marquer les... But.
Son parcours en bref
1970. Naissance à Cosne-sur-Loire (Nièvre).
1993. Diplômé de l'école commerce EDEP (école de direction d'entreprises de Paris).
1993. Chef de rayon, puis chef de produits (acheteur) pour la Serap.
2000. Créé la web agency, C SET ID (location de sites Web).
2002. Directeur e-commerce de la Serap.
Depuis septembre 2006. Directeur Internet chez But.
