La création d'une instance déontologique s'impose-t-elle pour les journalistes, comme c'est le cas en Belgique ou en Suisse? La question était au centre d'un débat à la Sorbonne, le 13 juin, à l'initiative de l'Association de préfiguration d'un conseil de presse (APCP) et de Journalisme & Citoyenneté. «Nous sommes de plus en plus saisis par des associations qui ont à se plaindre», a souligné Dominique Pradalié, du Syndicat national des journalistes (SNJ), pour qui une telle instance est une «nécessité vitale».
Elle pourrait s'appuyer sur la Commission de la carte d'identité des journalistes professionnels (CCIJP) tout en regroupant employeurs, public et journalistes. Selon Charles-Henry Dubail, du Syndicat de la presse professionnelle, «s'il y a une telle instance, elle doit se rapprocher des chartes déontologiques. Ou si elle donne un avis, on va se retrouver en conflit avec ce que dit un juge.»
«Arrêter l'endogamie»
La nouveauté vient sans doute de l'appui de patrons de presse. Laurent Joffrin, du Nouvel Observateur, se dit favorable à une instance «à condition qu'elle ne soit pas animée par des raisons idéologiques» et qu'elle «se concentre sur les abus». «La pression publicitaire des agences et des annonceurs consiste à empiéter chaque fois un peu plus sur l'autonomie rédactionnelle, dit-il. S'il y avait une instance extérieure à nous, cela nous rendrait service et installerait de l'égalité entre les titres.»
«Quand nous refusons une opération, elle est acceptée par un concurrent», témoigne Louis Dreyfus, du groupe Le Monde, qui y voit aussi la possibilité de «se dégager d'une pression économique trop forte». Selon Pascale Marie, du Syndicat de la presse magazine (SPM), «il y a une demande sociétale d'arrêter l'endogamie», mais les magazines les plus hostiles ne sont pas ceux qu'on croit: «C'est la presse d'opinion, Alternatives économiques ou Le Canard enchaîné qui estiment que seul le lecteur est juge.»
