Ressources humaines
Comment le groupe d’assurance, confronté à une crise sans précédent, a remobilisé ses salariés. Opération vérité de son DRH lors du dernier congrès HR.

Peut-on retrouver une image sociale après un plan de départs? Le nouveau DRH de Groupama, Fabrice Heyriès, invité du dernier Congrès HR, les 10 et 11 avril au Pré-Catelan, à Paris, a livré son expérience sur le sujet. Son entreprise, qui était exposée à hauteur de 3 à 4 milliards d'euros de dette grecque, s'est retrouvée dans l'œil du cyclone en raison d'une «prise de risque excessive sur les marchés financiers». Le 25 octobre 2011, les 38 000 salariés de Groupama apprenaient donc que leur directeur général, Jean Azéma, aux manettes depuis onze ans, était débarqué. Dans la foulée, d'autres dirigeants, dont la directrice de la communication, Frédérique Granado, quittaient le navire.

«Avant cet épisode, rappelle Fabrice Heyriès, notre groupe avait toujours été bénéficiaire, en croissance, avec un management stable, et les salariés pensaient se trouver dans une structure insubmersible. Du jour au lendemain, ils ont découvert des articles évoquant des risques de faillite, ils ont commencé à se croire dans le Titanic.»

Douloureuses décisions

Le DRH est arrivé chez Groupama fin 2011 pour redresser la barre: «Nous avons hésité à rééditer le baromètre interne car nous craignions des résultats catastrophiques. Finalement, nous l'avons maintenu: seulement 58 % des salariés du groupe nous ont dit avoir confiance dans l'avenir du groupe, un chiffre en chute de 31 points par rapport à 2010.»
Puis la nouvelle équipe a pris des décisions douloureuses: «Un plan de départs volontaires de plus de mille personnes et la vente de trois filiales», détaille Fabrice Heyriès. Là encore, une rupture brutale par rapport à la culture de l'entreprise. «Groupama affichait des valeurs (responsabilité, humanisme, proximité...) mises à mal par les prises de risque excessives de l'équipe précédente, rappelle le DRH. Aujourd'hui, nous sommes dans une opération de retour aux valeurs du groupe: protection des intérêts du client, respect humain. C'est assez rassurant pour les salariés.»
Les collaborateurs ont été associés à la conception du nouveau projet stratégique. «En parallèle, il fallait éviter une fuite de nos meilleurs éléments: nous les avons sondés sur leurs attentes et avons développé des outils de rétention (promotions, augmentations...)», livre le DRH.
Enfin, l'équipe dirigeante a davantage communiqué, «en étant plus transparente avec les salariés et les organisations syndicales, mais sans masquer les difficultés». Groupama n'est encore qu'au milieu du gué, au début de la deuxième année d'un plan de redressement de trois à quatre ans. Le prochain baromètre interne donnera son verdict en 2014.

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