communication interne
Dans son rapport 2013, la Cour des comptes fustige les "opérations dispendieuses" et les "marchés irréguliers" de l'entreprise en matière de communication.

En rangs serrés, les équipes de communication restent muettes après la révélation d'un chapitre de la Cour des comptes fustigeant les dépenses de communication de SNCF. Pourtant, les «opérations dispendieuses» et les «marchés irréguliers» que fustige la Cour ne sont pas demeurés sans réponse de la part de Guillaume Pepy, le patron dont le mandat arrive à échéance le 26 février. «Le président de SNCF s'est engagé à mieux maîtriser et à réduire les dépenses de communication entre 2013 et 2015», explique le rapport, rendu public le 12 février. 

Il lui faudra se montrer convaincant. Entre 2007 et 2011, SNCF a dépensé 210 millions d'euros par an pour sa communication, masse salariale incluse. «En dépit d'annonces récentes, la réduction de ces dépenses ne s'est pas produite», note la Cour. Alors qu'elle s'était engagée à réaliser 7 à 10 millions d'économies dès 2010, un séminaire des cadres au Maroc, en septembre 2011, «ne porte pas, loin s'en faut, la marque de cette orientation».

La dépense de 2,7 millions d'euros, établie sans mise en concurrence préalable, avait permis de faire venir à Tanger pendant quatre jours, 600 managers pour un coût par personne de 4 389 euros. Edification d'une tente pour 367 000 euros, dîner à 314 euros par personne, visite privée du port pour 60 300 euros et 1,1 million d'euros pour «accompagnement et scénarisation de contenu»... Sans compter 650 tablettes numériques offertes aux managers opérationnels.

La direction n'a pas regardé à la dépense pour ce séminaire qui a eu, selon elle, «un impact majeur auprès des participants leur permettant de mesurer la nouvelle dimension de l'entreprise en termes de métiers et d'implantation internationale».

Les effectifs consacrés à l'interne mobilisent plus la moitié des 565 agents affectés à la communication (500 équivalents temps plein). La seule direction de la communication est passée, selon la Cour, de 65 salariés en 2008 à 81 en 2011. Pour quels résultats?

 

Des contrats sans mise en concurrence

L'institution pointe la difficulté à évaluer la rentabilité des investissements et la faiblesse du pilotage et du suivi des dépenses engagées. Mais elle s'étonne aussi des procédures. Les Trophées de SNCF, en janvier 2010, ont ainsi représenté une dépense de 1 048 euros par personne sans qu'aucun document n'ait été signé «matérialisant l'accord entre les parties avant le lancement d'une prestation».

La société de Pierre Giacometti (Giacometti-Péron & Associés) a aussi fourni entre 2008 et 2012 des prestations au bénéfice de Guillaume Pepy et de son comité exécutif sans mise en concurrence. Six marchés récurrents de conseil et de coaching «à l'initiative de la présidence» viseraient surtout à «s'attacher des grands noms de la communication». Deux missions de réflexion sur la communication de SNCF, à 600 000 euros l'unité, ont ainsi été confiées de gré à gré à Publicis Consultants en 2009 et 2010.

Auprès de la Cour, le patron de SNCF argue que 90% des marchés passés se situent sur des seuils inférieurs à 90 000 euros, où la mise en concurrence n'est pas obligatoire. Ou que le caractère exclusif de la proposition, comme celle de Lagardère Custom Publishing portant sur le magazine SNCF Connections, imposait le gré à gré. Il s'engage aussi à abaisser de 3 millions à 500 000 euros le seuil de contrôle des dépenses de communication.

Cela sera-t-il suffisant? «La direction au niveau national investit beaucoup dans la communication pour faire passer certaines choses. Le budget devrait être un peu amoindri et utilisé à de meilleures choses», estime Patrick Brunel, secrétaire CGT de Valence, lorsqu'il demande sur France Bleu de renforcer la sécurité sur les lignes...

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