Le journaliste américain William Poundstone raconte comment sont recrutés les salariés des entreprises les plus prestigieuses du monde dans un livre riche en anecdotes.

Pour la quatrième année consécutive, à l'issue d'une enquête menée aux Etats-Unis auprès de salariés avec le Great Places To Work Institute, le magazine Fortune a désigné Google comme la première des sociétés où il fait bon travailler. «Ils recrutent les plus grands talents des Etats-Unis et savent les garder», confiait l'éditeur en chef du magazine Andy Serwer à CBS News le 16 janvier.


Seule une candidature sur les 130 que reçoit la société californienne débouche sur un emploi, indique dès les premières pages de son enquête le journaliste William Poundstone (New York Times, Harper's, Harvard Business Review...), auteur de Etes-vous assez intelligent pour travailler chez Google? (1).

 

Sont souvent cités ses célèbres avantages en nature (nourriture à volonté, innombrables heures de massage, congés parentaux généreux...). Mais ce sont surtout le salaire et les intéressements qui peuvent rendre millionnaires les meilleurs employés, ainsi que son excellente image, qui attire chez Google de manière presque irrationnelle les meilleurs éléments dans tous les domaines (informatique, droit, publicité...).

 

Ses fondateurs Larry Page et Sergey Brin ont donc pu peaufiner leur façon de recruter. L'enquête de William Poundstone montre en quoi elle s'inspire et diffère à la fois de celle des autres entreprises de pointe (Microsoft, Amazon, Morgan Stanley...).

 

Tout au long de l'ouvrage, sont notamment dispersées les terribles énigmes, questions pièges, faisant appel au bon sens, à la pensée latérale ou divergente, posées lors des entretiens d'embauche... Par exemple: «En utilisant exclusivement un sablier de 4 minutes et un sablier de 7 minutes, mesurez exactement 9 minutes». Avec l'obligation d'être précis.


L'ouvrage permet aux intéressés de «bachoter» les questions, tout en apportant un éclairage historique ou une anecdote amusante; il donne les réponses et explique, parfois, quel est «le petit plus» qui permet d'être recruté chez Google.

 

Ces casse-tête peuvent être posés partout dans le monde à n'importe quel candidat et pas seulement aux ingénieurs américains. Chez Google France par exemple, un futur commercial s'est vu poser une question de type Fermi (dont on n'attend pas une réponse exacte mais une estimation): «Combien de balles de golf feriez-vous tenir dans cette pièce?»


Les énigmes ont des objectifs distincts: certaines vont tester les connaissances en arithmétique, le bon sens, l'intuition ou la créativité, très difficile à mesurer, explique William Poundstone.

 

Un chapitre intéressant raconte l'évolution des ressources humaines, passées de l'obsession des tests de QI lorsque l'intelligence était à la mode aux questions saugrenues pour déceler les profils «créatifs». Certains candidats, cependant, peuvent y échapper: «Je n'ai eu que des questions: “vous êtes dans telle situation (liée à mon poste ou mon expérience), que faites-vous ?”. Ou encore “Pourquoi Google?”», raconte un spécialiste diplay de Google France. Du très classique, en somme. Tout dépend de la personne que l'on a en face.


Les entretiens d'embauche (généralement au nombre de cinq) chez Google sont essentiellement pratiqués par de futurs pairs ou managers formés à cette fin. Et pour cause: les fondateurs de Google veulent que les intervieweurs se demandent, pendant l'entretien, s'il leur serait agréable ou non d'être coincé avec le candidat dans un aéroport lors d'une escale un peu trop longue. Rester cool n'est donc pas de trop lorsque l'on veut décrocher un job de rêve.

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