recrutement
Le groupe public a recruté une quarantaine de salariés dans le numérique pour assurer son développement sur Pluzz, Francetv info et les nouveaux médias. Problème : il doit alléger ses effectifs.

France Télévisions est dans le viseur des chasseurs de coûts publics. Témoin le rapport de la députée PS Martine Martinel, qui pointe la gestion désastreuse de la réduction des effectifs au sein du groupe. Malgré deux vagues de départs en préretraite, en 2007 (600 emplois) et en 2009-2012 (650 environ sur 844 programmés), qui ont coûté près de 58 millions d'euros, le groupe audivisuel n'est pas parvenu à diminuer le nombre de ses employés. Au 1er janvier, on comptait encore 10 520 personnes au sein du groupe France Télévisions, dont 19% d'emplois non permanents. En 2011, si le nombre de salariés en place a très légèrement baissé (35 postes en moins), celui des collaborateurs non permanents a tendance à grossir, avec 228 personnes supplémentaires.

 

Une stratégie numérique assumée

Patrice Papet, directeur des ressources humaines du groupe, rappelle que le contrat d'objectifs et de moyens (COM) 2012-2015 prévoit une stabilisation de l'effectif cette année, puis une «inflexion» de 5% jusqu'en 2015. Avec la négociation d'un avenant imposé par l'Etat, c'est même 500 postes supplémentaires qui pourraient être supprimés d'ici à trois ans. D'où l'importance d'une bonne gestion prévisionnelle des emplois. «Le gros problème des plans de départ réalisés, explique le DRH, c'est qu'ils ont été faits sans objectifs d'activité et de métier. On les a ouverts à toutes les personnes qui souhaitaient partir. Il faut se poser la question, sachant que l'on a aussi une obligation morale d'intégration par rapport aux non-permanents.» Autrement dit, beaucoup de départs en préretraite sur des postes clés ont nécessité des remplacements - notamment par des intermittents du spectacle - qui n'ont pu donner lieu à des réductions d'effectifs. C'est ce qui explique que, contrairement aux engagements pris, le paquebot reste chargé.
L'autre volet du recrutement extérieur est plus assumé: c'est celui du redéploiement au nom de la stratégie numérique. Le PDG Rémy Pflimlin aurait respecté l'engagement du deuxième plan de ne pas remplacer un départ sur quatre, mais il a aussi donné son feu vert à l'embauche d'une quarantaine de personnes pour disposer de compétences nouvelles. Ne pouvait-on pas former des salariés en interne? «C'est un choix délibéré, répond Patrice Papet, on ne recrute plus aujourd'hui dans le numérique, mais il a fallu initialiser le processus pour ensuite essaimer.» Le groupe, dont le développement numérique est salué par la tutelle, et qui n'entend pas toucher au budget qui lui est consacré (62 millions d'euros), a par ailleurs formé cette année aux nouvelles technologies 250 journalistes et 200 salariés de l'antenne. Sans oublier les 230 personnes qui ont reçu une formation spécifique à la TV sociale et connectée...
Reste qu'il faut maintenant rattraper le retard. Patrice Papet, après un sursaut de l'emploi au printemps, lié à la période électorale, affirme que le groupe compte, en septembre, moins de 18% d'emplois non permanents. D'après le COM, il doit arriver à 15% en 2015. «La tendance est à peu près conforme, mais il faut bien voir que l'on a fusionné sans fusionner. Il y a toujours des différences de statuts, de modes de gestion du temps de travail ou de feuilles de paie». Autrement, le groupe ne bénéficie pas encore des synergies qui permettront de dégager des économies... «Un plan de départs volontaires n'est pas envisagé», précise-t-il.

 

(encadré)

35 personnes aux nouveaux médias à Radio France

Pour mener à bien sa révolution numérique, Radio France a combiné mobilité interne et recrutements externes. Sur les 35 personnes qui ont rejoint les nouveaux médias cette année, la moitié vient de l'interne. «Hormis quelques postes clés d'encadrement, la plupart des journalistes Web ont été recrutés en interne», explique Joël Ronez, directeur des nouveaux médias. Parmi eux, des salariés plutôt jeunes, en CDD ou payés au cachet, qui ont été intégrés en CDI à cette occasion. En revanche, pour les postes bien spécifiques dans le marketing ou l'encadrement, Radio France a davantage eu recours à l'externe. «La formation ne suffit pas à résoudre l'adéquation au poste. C'est le besoin de l'entreprise qui prime», ajoute l'ancien responsable du pôle Web d'Arte France.

Delphine Soulas

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