distribution
Le directeur de l'e-commerce de Monoprix, Patrick Oualid, est un adepte de l’expérimentation.

Les plus grands succès naissent souvent d'échecs. Dans le digital, cette idée prend tout son sens. «En 2000, nous avons lancé Pixmania, sur le créneau du développement de photos numériques, avec Steve et Jean-Emile Rosenblum, se souvient Patrick Oualid, aujourd'hui directeur de l'e-commerce de Monoprix. Nous avons attendu les clients pendant six mois. Personne n'est venu. C'était trop tôt, il n'y avait pas assez d'appareils photo numériques en circulation.»

 

Les trois cofondateurs changent alors leur fusil d'épaule: ils se lancent dans la vente de produits high-tech avec Pixmania. Bingo! L'entreprise décolle à toute vitesse, jusqu'à employer près de 1 500 personnes aujourd'hui. Même si elle connaît actuellement une mauvaise passe et vient d'être reprise en mains par le groupe anglais Dixon.
De sa décennie passée chez Pixmania, Patrick Oualid a gardé un goût poussé pour l'expérimentation: «Avec les nouvelles technologies, on est toujours sur le fil, il faut essayer pleins de trucs, innover, se planter», dit-il. Pour cela il faut décider avec célérité. Pas un souci pour «Oualidator», le surnom dont il a hérité chez Pixmania en raison de sa capacité à «valider plus vite que son ombre.»


Depuis un peu plus d'un an, il est à la tête du département e-commerce de Monoprix et pilote une petite vingtaine de personnes. «Il a su créer une dynamique, une certaine émulation, il sait ce qu'il veut et peut aller vite, quitte à bousculer un peu», dit Séverine Defont, responsable de l'expérience client du site Internet de l'enseigne.


Chez Monoprix, la mission de Patrick Oualid s'avère délicate. Jusqu'ici, les géants de la distribution n'ont pas vraiment réussi leur basculement sur le Web. «Monoprix, c'est une mamie de 80 ans, mais qui est très agile, cela ne peut que réussir, dit-il, optimiste. Nous devons bâtir une troisième voie entre commerce de proximité et e-commerce.» D'ailleurs, depuis le début de l'année, Monoprix teste son dispositif «clic & go» de retrait des courses dans une trentaine de magasins.


Patrick Oualid a bien compris que l'e-commerce n'était pas une science exacte, du coup il cherche en permanence la confrontation d'idées. «Il aime bien échanger et n'hésite pas à pousser les gens dans leurs retranchements, en prenant systématiquement le contre-pied d'une proposition, analyse Steve Rosenblum, ex-président de Pixmania. Il adore tester ses idées avec un petit cercle de fidèles; d'ailleurs j'étais souvent son “sparring-partner”.»


Patrick Oualid sait aussi que l'e-commerce peut être anxiogène: «Il y a beaucoup d'inconvénients, comme le fait de ne pas voir le client. Mais il y a aussi de sacrés avantages: la possibilité de lancer très rapidement des stimuli marketing, la finesse d'analyse des données...» Cela permet de réagir très vite. «Il ne faut pas hésiter à être rapide dans les changements de caps. D'ailleurs ces revirements et cette instabilité font partie du quotidien, détaille le manager. Il faut des gens capables d'évoluer dans ce terrain de jeu mouvant. Et ce n'est pas une question d'âge mais de caractère et d'envie.»

 

Son parcours en bref :
1995. DESS de marketing au Celsa
1995. Responsable de clientèle chez BBDO
1997. Directeur de clientèle chez Connect World (groupe Havas), puis fondateur et directeur général de la filiale américaine
2000. Directeur du marketing et du CRM du site d'e-commerce Pixmania

2007. Directeur du développement de Pixmania.

2011. Directeur de l'e-commerce de Monoprix.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.