motivation
D'anciens membres des corps d'élite de la gendarmerie nationale proposent aux managers des stages d'entraînement à la gestion du stress et à la cohésion d'équipe.

Indolent, pansu, il s'abandonne voluptueusement aux rayons du soleil. C'est bien le seul. Sous l'œil jaune de ce chat bien nourri, mascotte du Fort, une dizaine de managers font des pompes à même les graviers. «Debout! A plat ventre! Relevez-vous! Courez!» L'échauffement est martial: visage impénétrable, silhouette affûtée, Bertrand, ancien membre du GIGN (Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale) n'incite pas à la paresse, dans le cadre pourtant bucolique du Fort de Domont (Val-d'Oise), lieu d'entraînement des pompiers de Paris. Bientôt, il s'agira de descendre à la force des mains et des jambes dans une cheminée noire et exiguë, d'évoluer à deux mètres du sol, allongé sur une corde, ou de vaincre sa phobie des abysses en descendant vingt mètres en rappel... Des épreuves extrêmement physiques, à des années lumières de la violence feutrée des open spaces.

«Gestion du stress et cohésion d'équipe»: ainsi s'intitule ce stage, démarré au chant du clairon, et organisé par Back-Up Events, en partenariat avec Sequentys, société de protection des entreprises expatriées. Aux manettes, hormis d'ex-GIGN, des membres du Centre national d'entraînement commando ou encore du GSPR (Groupe de sécurité de la présidence de la République). Parmi les participants, Stéphane Bodier, président de Médiabrands, Carine Fagnoni, ex-responsable relation clientèle de Corsairfly, Jean Leclercq, directeur du sportswear de Nike, Chif Lee, directeur d'Orion Trading, Anne Manificat, responsable formation de La Poste ou encore  Eric Marion, directeur de la sûreté, de la prévention et des secours de Disney.

Pour chacun d'entre eux, le stress est intrinsèquement lié à leur fonction. «Au sein d'une compagnie aérienne, il s'agit de gérer en permanence des situations d'urgence, comme des retards d'avion, par exemple, qui nous obligent à composer avec d'autre intervenants, avec lesquels il peut y avoir des conflits d'intérêt, explique Carine Fagnoni. Sans compter que, pour ce qui est des passagers, les actes d'incivilité en vol se multiplient...» Stéphane Bodier évoque quant à lui «le “reporting” incessant demandé aux managers par les actionnaires».

Pendant les débriefings qui suivent chaque atelier, sous l'égide du coach Michel Montreuil, les smartphones de ces managers du risque sonnent sans relâche. Eric Marion s'enquiert fréquemment de la sécurité de Disney. Il évoque les fréquentes escapades de Nicolas Sarkozy, inconditionnel de Marne-la-Vallée, dans le parc d'attractions. «Il est revenu il y a peu en famille pour l'anniversaire du fils de Carla Bruni, raconte-t-il. Autant vous dire que ces week-ends-là, toute la sécurité est sur le pont!»

Dans l'après-midi, d'autres épreuves attendent les corps fourbus des participants: traverser en groupe un tunnel plongé dans l'obscurité totale, et semé d'obstacles. Il s'agit d'éviter les canapés ou les planches jetés en travers du parcours, sans se laisser effrayer par des bruits stridents de bébés hurleurs, ou les attaques de militaires vociférants. Autant rester groupés.

«Au GIGN, on n'est pas dans une logique de leadership mais de spécialistes: sur site, on est vraiment jugé sur les compétences de chacun», explique Nicolas, réserviste du GIGN. Michel Montreuil, coach du stage, est formel: «L'entreprise a beaucoup à apprendre des corps d'armée, autrement plus “apprenants”.» Nicolas opine du chef: «Nous sommes contraints au retour d'expérience permanent, à une confiance mutuelle et absolue, dans des problématiques de vie et de mort.» L'entreprise recèle, elle aussi, de tels dangers...

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