Ressources humaines
François Delatouche, président de l’association des directeurs et responsables de services généraux, et directeur de l’environnement de travail de Bouygues Telecom, décrypte les nouvelles tendances.

La journée mondiale de l'environnement de travail s'est déroulée le 28 juin dernier. Quelles sont les nouvelles tendances dans les bureaux?


François Delatouche: Actuellement, les accords de télétravail se multiplient en entreprises -il s'en signe tous les jours. Dans le même temps, les outils professionnels sont totalement virtualisés; du coup, on dispose de son bureau avec soi en permanence. Et en parallèle, les sociétés cherchent à réaliser des économies: l'enjeu financier, notamment la réduction des coûts, apparaît d'ailleurs comme la préoccupation principale des professionnels des services généraux (68%), selon une enquête que vient de publier l'Association des directeurs et responsables de services généraux (ARSEG). Or l'immobilier est en général le deuxième budget de l'entreprise, derrière la masse salariale. Et si l'on ajoute à cela le temps d'inoccupation des bureaux -de sept à neuf semaines de congés payés annuels selon les salariés-, la question de la mutualisation des bureaux se pose alors logiquement.

 

Est-ce le retour des bureaux impersonnels et des fameux caissons mobiles, une organisation adoptée par le cabinet Accenture il y a quelques années?


F.D.: Non, cette forme de bureaux mutualisés était un peu une usine à gaz parce qu'elle était gérée par les services généraux. Aujourd'hui, il faut organiser ce dispositif au niveau d'un service ou d'un département, et le faire piloter par un responsable. Sur ce territoire donné, les postes ne doivent plus être attribués. Ce contexte de bureaux partagés permet aux salariés de s'installer chaque jour à côté d'un collègue différent s'ils le souhaitent, facilite les échanges et rend plus perméables les territoires d'équipes. Chez Bouygues Telecom, nous avons généralisé ce dispositif.

 

Cela ne risque-t-il pas de déshumaniser l'entreprise?


F.D.: Non, puisque dans ce contexte de bureaux partagés, il faut aussi apporter de nouvelles réponses à la question: «Pourquoi est-ce que je viens au travail?» L'entreprise doit être un lieu d'échanges avec des box, des salles de réunions, des cafétérias. Et il doit aussi être possible de travailler dans ces espaces-là.

 

Egalement en mettant à disposition de nouveaux services?


F.D.: Oui, je crois beaucoup au développement de services pratiques dans les entreprises. D'ailleurs, dans notre enquête, les directeurs de l'environnement de travail expliquent qu'ils ont l'intention de proposer certains services innovants dans les deux prochaines années: un parc à vélos (28% d'entre eux), une salle de sport (23%) ou encore une conciergerie (20%). La mise en place de ces services ne coûte pas grand-chose à l'entreprise: par exemple, pour le coiffeur, il faut juste faire l'acquisition d'un fauteuil à shampoing. Pour les salariés, c'est un vrai gain de temps, avec souvent en plus des tarifs négociés.

 

Le télétravail est-il la panacée?

 

F.D.: D'après les différentes études menées sur le sujet, la durée optimale de télétravail est de deux jours par semaine. Ainsi, personne ne parle de généraliser le «tout-télétravail». D'autant qu'il faut s'assurer que le salarié dispose bien, à son domicile, d'un bureau isolé à cet effet. Si les collaborateurs travaillent assis dans leur canapé, l'ordinateur posé sur la table basse, cela peut avoir de graves conséquences sur leur santé. Par ailleurs, les centres de proximité mis à disposition des salariés de groupes dans les grandes agglomérations pour limiter leurs temps de trajet, sont plutôt en perte de vitesse.


Comment rendre l'open-space plus vivable?


F.D.: Même quand il est bien régi, l'open-space perturbe les salariés. C'est pourquoi, je recommande la mise en place d'un espace calme - a quiet room en anglais-, où régnerait une ambiance de bibliothèque et où l'usage du téléphone serait interdit.

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