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Avoir des «amis» n'est plus seulement une nécessité dans sa vie privée, cela devient aussi une compétence professionnelle, de plus en plus évaluée.

Débutant, avancé ou expert, quel est votre niveau en community management? Et en gestion de la marque employeur ou en «social media»?… D'ici fin juin, le réseau social professionnel Viadeo lancera un outil permettant d'afficher, sous forme de badge numérique, son niveau dans lesdites «compétences sociales». Le principe: chacun voit son professionnalisme évalué par des membres de son réseau, qui votent.

S'inscrire dans une communauté devient de plus en plus important pour les directions de ressources humaines (DRH) et cela ne peut pas se résumer à un nombre d'amis ou de contacts. «Quand il s'agit de recruter des chefs de projet techniques ou digitaux, ou à fortiori un directeur de clientèle “social media”, je ne me fie pas au nombre de “followers”, mais je regarde si la personne est active, s'il y a du contenu produit, tweeté, qui la personne suit, avec qui elle est en contact, quels sont ses liens dans la communauté, égrène Charlotte Vitoux-Evrard, responsable du recrutement de Vivaki France (groupe Publicis). L'important est d'avoir un avis, d'exister.»

Et comme les recruteurs n'ont pas le temps de scruter chaque profil sous toutes les coutures, les badges pourraient leur permettre de juger d'un coup d'œil le niveau de compétence sociale d'un candidat. Reste la question de la fiabilité de cette notation. Olivier Fécherolles, directeur général de la stratégie et du développement de Viadeo, détaille son nouveau système: «L'ensemble de mes contacts va pouvoir juger si je suis compétent ou pas, cela constitue une sorte de “benchmark” par rapport à un environnement social, et je ne pourrai afficher ces badges que lorsqu'un certain nombre de personnes aura voté pour moi.»

Du côté du concurrent américain Linked In, on se montre plus circonspect: «Rentrer dans le jugement subjectif des compétences est délicat, nous préférons rester sur les statistiques: l'activité que les candidats ont sur les réseaux, la mise à jour du statut, les échanges d'informations, le partage d'articles… tout cela influe sur leur référencement dans le fil d'actualité Linked In et donc leur visibilité», explique Laurence Bret-Stern, directrice marketing Europe Moyen-Orient Afrique du réseau social professionnel. Les seuls badges disponibles sur Linked In: «500+», pour indiquer qu'un membre a beaucoup d'amis, et surtout «open circle», disponible uniquement dans la version premium, qui permet à n'importe qui de vous contacter. Deux signes de distinction sociale.

Nouveaux indicateurs

La mesure de cette capacité à nouer des liens et à les transformer en contrats n'en est qu'aux prémices: le basculement de l'activité des entreprises sur le Web et les réseaux sociaux induit logiquement une évolution des attentes des recruteurs. Comme dans le même temps la «gamification» (importation des mécanismes du jeu) gagne du terrain dans les ressources humaines, cela devrait aboutir à de nouvelles façons de mesurer les compétences en interne comme en externe. «Des indicateurs vont apparaître d'ici un à trois ans, en particulier des compteurs numériques, prédit David Guillocheau, directeur associé de la société de conseil en RH Talentys. Suite à une publication dans un intranet, le nombre de votes ou le nombre de lecteurs pourra être pris en compte.»

Comme la génération Y est habituée à consommer en jouant, les DRH seront tentés de mettre en place des systèmes de badges sur les réseaux sociaux internes, une forme de reconnaissance qui ne coûte rien et peut mobiliser les énergies. «Les “kudos”, système de gratification qui existe dans les jeux, arrivent déjà dans les logiciels de ressources humaines», conclut David Guillocheau.

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