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Selon une étude Millward Brown menée dans sept pays européens pour Google, les réseaux sociaux renforcent la compétitivité des entreprises.

Non, les Facebook, Twitter, Google+ et autres Linked In ne sont pas que des sources d'oisiveté dans l'entreprise ou des formes d'ingérence permanente de la vie personnelle dans un cadre professionnel. Thierry Happe, président d'Happening & Co, qui édite l'observatoire de veille sur les nouveaux médias Netexplo, n'ignore rien des récriminations des patrons et des directions des ressources humaines, qui voient dans une fréquentation assidue de Facebook des foyers de perte de productivité. Le salarié rivé à son réseau social n'est-il pas moins enclin à s'investir pour son entreprise ? Nombre de groupes n'ont-ils pas imposé des filtres sur Internet afin d'empêcher un comportement qui nuit, selon eux, à l'investissement professionnel ? Sans parler des problèmes de sécurité qui peuvent se poser en cas de diffusion d'informations internes ou de la détérioration de l'ambiance de travail qu'entraîne l'abus de rapports sociaux désincarnés.

Pourtant, selon une étude européenne menée auprès de 2 700 salariés par Millward Brown pour Google, la défiance vis-à-vis des réseaux sociaux n'est encore partagée que par un tiers des entreprises. Pour 69% des professionnels européens (et 67% en France), de tels outils sont une chance: ils permettent aux entreprises qui les utilisent de se développer plus vite que celles qui les ignorent.

Les trois quarts des cadres supérieurs affirment avoir constaté que c'était un moyen de faire converger plus rapidement les idées d'équipes géographiquement éclatées, de partager des connaissances, de gagner du temps dans la recherche d'informations, de contacts et d'expertises.

C'est le senior management qui affirme utiliser les réseaux sociaux le plus souvent pour des raisons professionnelles (au mois une fois par semaine): à 71%, contre 49% chez les profils juniors. «Cela permet une meilleure gestion du temps, des gains de productivité et une amélioration de l'efficacité», relève Pierre Gomy, directeur marketing de Millward Brown. Les outils sociaux sont vu comme incontournables pour attirer des talents et intégrer la sphère sociale à son activité. Ils généreraient 20% de productivité chez leurs utilisateurs.

Décalage et interpénétration

L'étude a même chiffré à plus deux heures par semaine le temps gagné pour lire ou envoyer des mails, rencontrer des clients, participer aux réunions internes, etc. L'idée n'est plus seulement de promouvoir son expertise et sa carrière, ni même de s'afficher de façon narcissique, il s'agit plutôt de transformer un «capital d'amis» en utilité professionnelle. «On passe du don à une logique de marchandisation très forte, estime Thierry Happe. Fini les réseaux sociaux avec un esprit communautaire, ce sont de véritables places de marché qui vont se monétiser.»

Reste que, pour l'heure, «il y a un décalage considérable entre le fonctionnement de l'entreprise et la sociabilité des réseaux sociaux», comme dit le président d'Happening & Co. Au lien de subordination, propre aux organisations hiérarchiques, se substitue une logique d'influence qui recherche la diffusion massive pour conquérir un «leadership virtuel». En novembre dernier, les salariés de Ford ont infléchi, via Facebook, les positions de leurs représentants syndicaux à l'occasion de la renégociation d'accords salariaux.

La ligne de partage avec la vie privée est aussi en train de se redéfinir. Afin de respecter le temps de repos obligatoire, Volkswagen vient ainsi d'interdire à ses cadres d'envoyer des mails professionnels de chez eux le week-end. Mais, le plus souvent, on se dirige vers une interpénétration des deux mondes. Avec les risques de «burn out» et de «menottes dorées» inhérents à tout travail sans bornes.

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