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Jacques Froissant, dirigeant du cabinet de chasse de têtes Altaïdes, vient d’adapter en français l’ouvrage américain de référence «Guerilla Marketing for Job Hunters 3.0», de Jay Conrad Levinson et David E. Perry. Il livre ses techniques pour postuler.

Dans Guérilla marketing pour trouver un emploi, publié récemment aux éditions Diateino, vous plaidez pour une approche multicanal de la recherche. Qu'est ce que cela signifie?

Jacques Froissant. Cela part du constat que bon nombre de candidats ne savent pas s'y prendre dans leur recherche d'emploi. Ils se contentent de répondre aux offres diffusées par les grands «job boards» et pensent avoir une approche efficace. En réalité, cela ne leur donne accès qu'à 30 ou 40% du marché. Plein de postes leur échappent. Ouvrir les yeux des candidats sur la nécessité de diversifier leurs moyens de recherche et leur montrer qu'il existe des milliers de chemins différents qui mènent à l'emploi, voilà les idées maîtresses du livre.

 

Comment multiplier les points de contacts avec les recruteurs?

J.F. Principalement en utilisant les réseaux sociaux: Linked In, Viadeo, Twitter, etc. Selon les études, seulement 10 à 15% des chercheurs d'emplois français y recourent, contre 90% au Québec. Cela doit se combiner à la consultation des offres d'emplois, au «réseautage» classique. Cette approche multicanal implique d'être très organisé. Je recommande d'utiliser un outil de relation client du type Sales Force (en version gratuite), Zoho ou Cyber CRM. Facebook peut également servir pour informer son réseau que l'on est en recherche active. De même les pages fan des entreprises deviennent une source d'information cruciale.

 

Comment rendre Linked In et Viadeo plus efficaces?

J.F. Il faut d'abord bien peaufiner la description de ses expériences dans ses profils et ne pas se contenter d'égrener une litanie de postes. Il faut en particulier mettre en avant des résultats, des réalisations concrètes. Il y a d'autres astuces, comme utiliser le paragraphe de présentation au-dessus du profil comme une minilettre de motivation – sept lignes maximum – pour se vendre, avec une phrase du style: «Dans tel contexte, j'ai résolu tel type de problème, avec tels types de résultats.» Inclure des mots clés relatifs à son métier à la fois dans ce paragraphe introductif et dans le détail des expériences, cela double les chances de ressortir dans les résultats de recherche des moteurs de ces réseaux sociaux. Un créatif peut y glisser un «slide-share» de présentation avec ses principales réalisations et un lien vers son portfolio. Autre astuce: indiquer les logos de ses anciens employeurs pour bénéficier de l'effet de notoriété pour se distinguer. Enfin, sur Linked In, il y a également la possibilité de faire apparaître ses tweets.

 

Sur son profil, on peut également faire figurer des recommandations professionnelles. Est-ce utile ou pas?

J.F. Oui, les recommandations peuvent servir. En tant que recruteur, il peut m'arriver de les regarder dans un processus de sélection. Si, en plus, j'identifie et je connais les professionnels qui ont rédigé ces recommandations, cela donnera davantage de poids à une candidature. En phase finale de recrutement, il peut m'arriver d'appeler ces contacts pour les interroger. Le directeur artistique d'une grande agence aura même intérêt à indiquer ces recommandations en français et en anglais, car cela peut intéresser des chasseurs de têtes anglais ou américains.

 

Dans ce nouveau contexte, le CV sert-il encore à quelque chose?

J.F. En France, comme aux Etats Unis, il reste important, à condition de le rendre attrayant, en glissant, là encore, des réalisations et des résultats concrets. Idéalement, le CV doit davantage ressembler à un «flyer» qu'à une liste ennuyeuse d'expériences.

 

Cette approche multicanal permet aussi de sortir du cadre…

J.F. Oui, j'en ai encore eu la preuve récemment. Un candidat qui travaillait au marketing dans une entreprise de logiciels d'information financière a fait le forcing pour me rencontrer en utilisant le téléphone, le courriel, Linked In… J'ai fini par le voir, j'ai mieux compris ses motivations et je l'ai placé chez un de mes clients spécialisé en outils de gestion de l'e-réputation, en tant que directeur marketing. S'il s'était contenté de répondre à cette offre d'emploi, il n'aurait jamais décroché le job.

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