Convertir les équipes de Renault au Web, voilà la mission de Patrick Hoffstetter, directeur de la «digital factory».

Cette usine-là tourne à plein régime. Au sein de la «digital factory» du groupe Renault, basée en partie au Technocentre de Guyancourt (Yvelines), les cadences sont infernales et les commandes affluent du monde entier. Les clients? L'interne.

«Début 2011, seules une vingtaine de personnes travaillaient sur le digital, disséminées dans différents services [du constructeur], explique Patrick Hoffstetter, directeur de ce département depuis un an. Aujourd'hui, en France, nous sommes une cinquantaine de salariés de Renault et plus d'une centaine de personnes avec les prestataires (300 personnes dans le monde). Et en octobre prochain, tout le monde sera regroupé sur un même site.»

La mission de ces «O.S.» du digital: produire des plates-formes pour le Web, les mobiles ou les tablettes. Et surtout donner du sens à la stratégie digitale pour l'ensemble du groupe automobile dans le monde entier.

C'est fin 2010 que Renault, comme la plupart des grandes entreprises, a pris conscience de la nécessité de constituer un département consacré au digital. Et le constructeur a recruté Patrick Hoffstetter, comme architecte en chef.

«Quand je suis arrivé, mon directeur, Stephen Norman [patron du marketing monde], m'a prévenu: tu peux rapidement être happé par le système, se souvient-il. La révolution digitale touche tous les services, ingénierie, fabrication des produits, commercialisation... Nous avons une mission pédagogique, en termes de conduite du changement. Cela s'avère très important et très chronophage.»

Comme le chantier de ce digital manager est gigantesque, il doit éviter à tout prix que ses collaborateurs ne se dispersent. «Je leur rappelle en permanence les priorités, c'est important pour dépolluer les esprits et donc déstresser les équipes», souligne-t-il.

Les projets à mener sont d'une grande diversité: du «digital day» organisé pour le comité de direction à la plate-forme e-commerce développée pour Dacia en Italie, ou encore la conception du nouveau réseau social interne, baptisé «My declic», qui devrait voir le jour le 18 juin prochain.

«D'ailleurs, mon département, c'est un peu l'arche de Noé en termes de compétences: informatique, gestion de projet, communication, marketing, etc.», égrène Patrick Hoffstetter. En termes de profils aussi, puisqu'il doit composer aussi bien avec de «purs produits Renault» qu'avec des nouveaux venus.

«Je ne suis pas sûr d'être un manager très facile. Derrière mon côté cool, je suis très exigeant et je mets beaucoup de pression», reconnaît-il. Laurent Aliphat, chef du service performances digitales, préfère vanter les qualités de son responsable: «Il délègue, fait confiance et donne la possibilité d'expérimenter.»

Comme la fonction même de directeur du digital dans une grande structure a une dimension encore expérimentale, Patrick Hoffstetter a créé avec dix de ses homologues, dont Georges-Edouard Dias, senior vice-président e-business de L'Oréal, un club baptisé l'e-G10. Ces pointures du digital se retrouvent quatre fois par an, pour échanger sur les meilleures pratiques.

 

Son parcours en bref

1990. Diplômé de HEC.

1991. Directeur marketing chez Rail Europe aux Etats-Unis, puis directeur du développement d'Eurostar, et directeur de la stratégie internationale de la SNCF.

2000. Directeur marketing de SFR.

2005. Responsable du portail Yahoo France.

2008. Vice-président Europe de Last Minute.

2011. Directeur de la «digital factory» du groupe Renault.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.