Boris Saragaglia, pdg de Spartoo, vend des chaussures sur Internet, à l'instar de Sarenza. Il veille au grain sur tous les aspects de son entreprise. Proximité avec les équipes et omniprésence assurées.

Si les start-up à succès américaines naissent souvent dans un garage, les françaises voient le jour dans une chambre de bonne ou un studio mansardé. Boris Saragaglia n'échappe pas à la règle : «Nous avons démarré sur des tréteaux avec deux autres jeunes ingénieurs, Paul Lorne et Jérémie Touchard, dans mon studio étudiant du XIXe arrondissement, face à la Villette, se souvient-il. Nous n'avions pas beaucoup d'argent, mes parents étant fonctionnaires et ceux des autres cofondateurs maraîchers, ni d'ailleurs des tonnes d'idées.» Boris, à l'époque à HEC Entrepreneur, décide de copier le modèle de Zappos. En 2006, ce vendeur américain de chaussures sur Internet réalise déjà 600 millions de dollars de chiffre d'affaires.

Les trois cofondateurs décident d'implanter l'entreprise à Grenoble, plus central pour livrer dans l'ensemble de l'Europe. Le 16 août 2006, à 14 heures, la première paire de chaussures est achetée sur le site. En 2011, Spartoo a écoulé 1,5 million de paires. Au siège isérois de son entreprise, Boris Saragaglia dirige 150 salariés, auxquels s'ajoutent une centaine de personnes dans un entrepôt logistique de Lyon.

L'an passé, la société, qui distribue dans une vingtaine de pays, a généré 100 millions d'euros de chiffre d'affaires et vise les 140 à 150 millions en 2012. Son modèle économique est le même que celui de son concurrent français Sarenza, qui reconnaissait récemment payer jusqu'à 1 euro par clic sur Google pour des liens commerciaux en haut de page. Il s'agit de vendre au prix magasin mais en mettant l'accent sur le choix et le service.

Celui qui tient la boutique, c'est Boris, «Bobo» pour les intimes. «Ici tout le monde est regroupé sur deux grands plateaux, explique Mélanie Taleb, ex-responsable des achats chez Spartoo. Côté pile, le mode de management est à l'avenant, très proche, très opérationnel, pas du tout cloisonné». Côté face : «Boris veut trop en faire, prend trop de dossiers, est quasiment impliqué dans tous les décisions que cela concerne les achats, le marketing, les infographies..., dit Aymeric Moser, directeur marketing de Spartoo. Une caractéristique des managers qui ont tout créé de A à Z.» Une omniprésence liée aussi à la très bonne connaissance de sa société et de ses process.

«Au fur et à mesure que la structure grandit, cela peut ralentir», confirme Frédéric Brand, responsable du service infographie. Lâcher du lest dans la gestion au quotidien: un cap à passer pour le patron tout juste trentenaire, qui a commencé l'aventure à 23 ans. Le manager a déjà su évoluer sur d'autres aspects: «Au début, j'étais assez transparent et direct et ma communication pouvait être un peu “brute”. Aujourd'hui je pèse davantage mes mots avant de m'exprimer.»
Moins fougueux, moins impatient, cet ingénieur de formation n'en reste pas moins toujours aussi focalisé sur les indicateurs en temps réel et implacable sur la gestion des priorités... Le prix à payer pour que la société puisse continuer sa croissance rapide. Les collaborateurs embarqués dans cette course folle suivent le rythme du patron et parfois en redemandent. La preuve: ce sont des salariés-volontaires qui défilent sur le site pour présenter la collection printemps-été 2012.

 

 

Son parcours en bref :
1982. Naissance à Grenoble (Isère).
2004. Diplômé de l'Ecole des mines de Nantes.
2005. Etudie puis fonde Spartoo sur le campus de HEC Entrepreneur.
2006. Installation du siège de l'entreprise à Grenoble. Le 16 août: vente de sa première paire de chaussures.
2007. Première levée de fonds de 4,3 millions d'euros.

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