Amélie Bourgeois-Dagues mise sur les pouvoirs magiques de l’humour et de la confiance, pour diriger le Web au pays de Disneyland Paris, qui fête ses 20 ans.

«Adieu la confidentialité! Je suis à la tête d'un département de quarante personnes, dont la moitié a moins de 30 ans, et pour eux toute information se partage», sourit Amélie Bourgeois-Dagues, directrice marketing direct et Internet de Disneyland Paris. Au point que je serais obligée d'écrire en gros: “Surtout ne pas partager” sur chacune de mes communications si je voulais être sûre qu'ils ne le fassent pas. Les managers qui se croient importants parce qu'il détiennent des informations exclusives sont “has been”. Moi-même, quand je réunis mes collaborateurs pour annoncer des scoops, je sais d'avance que tout le monde est déjà au courant.»

Résignée mais pas gênée, cette baroudeuse du Web passée par Opodo ou Carlson Wagonlit est habituée à cette nouvelle donne. «La révolution mobile réaccélère les choses, je retrouve la même énergie qu'il y a douze ans quand le Web bouillonnait et les nouveaux métiers foisonnaient», constate-t-elle. A l'heure où Disneyland Paris fête ses vingt ans, le site Web génère un tiers du chiffre d'affaires package (avec hôtel), et croît de 25% à 30% par an. Il devient au fil des ans, une des premières portes d'entrée dans le parc. «L'activité digitale est au centre de tout: le produit, les prix, le client..., détaille la directrice marketing direct et Internet. Notre mission consiste à faire en sorte que le canal digital soit structuré et s'intègre dans la politique de l'entreprise, donc on ne peut pas faire ce que l'on veut.»

Et pourtant l'envie d'innover est là: «Les réunions de brainstorming sur la marque Disney sont des moments de pure folie, et l'on a des dizaines de projets dans les tiroirs.» Au poste d'aiguillage, Amélie Bourgeois-Dagues doit choisir les programmes qui finiront sur une voie de garage et ceux qui doivent être lancés au plus vite. Comme l'application Iphone démarrée en 2010 – mais dont le projet dormait depuis 2008 –, pour laquelle il a fallu convaincre la direction que cela générerait du chiffre d'affaires, des données clients, de la satisfaction... pour décrocher le budget nécessaire. «L'objectif était de parvenir à 100 000 téléchargements en 2011, nous en avons eu 800 000», se félicite-t-elle.
Son mode de management s'avère très «Web»: «Je manage comme j'aime être dirigée c'est-à-dire avec beaucoup de confiance; je fixe des objectifs à un an, mais en général je les revois au bout de six mois car ils ne sont plus valables.» Pour son ancienne collaboratrice chez Carlson Wagonlit Voyages, Anne de Montalivet, aujourd'hui responsable marketing chez Via Michelin, Amélie Bourgeois-Dagues privilégie toujours une relation horizontale, fondée sur le consensus: «Chez elle, pas de rapport hiérarchique, elle n'aime pas trop les conflits et préfère souvent les ignorer.» Une limite que reconnait l'intéressée: «Il y a des gens avec lesquels ce mode de management peu directif ne fonctionne pas», dit la directrice Web. Elle aime aussi glisser un brin de dérision dans son management. Ce que confirme Christophe Guittard, internet et data manager: «Comme elle est responsable juridique du site Internet, nous blaguons souvent à ce sujet, et lui dis: “il y a une livraison d'oranges pour toi ce matin à l'entrée du parc.”» Partager, pour ne pas se laisser enfermer...

 

Son parcours en bref:
1998. HEC, spécialisation en marketing.
1998. Chargée d'études planification stratégique puis analyste pricing chez Air France.
2001. Pricing manager chez Opodo à Londres et Paris.
2003. Directrice internet chez Thomas Cook Voyages.
2005. Directrice marketing et e-commerce de Carlson Wagonlit Voyages.
2008. Directrice marketing direct et Internet de Disneyland Paris.

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