télévision
M6 diffuse ce jeudi 7 juin Patron incognito, une émission au cours de laquelle un dirigeant s'immerge dans sa propre société. Un programme dans la veine de «J'aime ma boîte». Stratégies en parlait déjà en février dernier.

Dans Patron incognito, l'adaptation française d'Undercover Boss qui est  diffusée en prime-time sur M6 à partir du jeudi 7 juin pendant quatre semaines, au printemps, vous ne verrez pas de salariés maltraités ou sanctionnés. Pourtant, le concept même de l'émission aurait pu aboutir à ce type de situations.

Voilà le scénario de ce programme, dont Stratégies a pu voir des extraits: un dirigeant d'entreprise, «déguisé» en chômeur de longue durée, est immergé pendant une semaine dans sa propre société, à l'insu, bien sûr, de ses collaborateurs, qui pensent qu'il s'agit d'un reportage sur la réinsertion. Ici, même les salariés incompétents ou qui multiplient les bévues sont formés. Et, à la fin, promus. «Avant le tournage nous devions être d'accord avec le “plan de travail” conçu par la production, explique l'un des quatre patrons participants, Guillaume Richard, PDG de O2, une société de services à la personne. Il était prévu que si nous repérions des talents, nous leur offririons une promotion.» Le fameux «happy end», indispensable au succès de tout programme de divertissement.

A part quelques échanges un peu virils, on est bien loin de la version américaine, dont la première saison a été diffusée par TMC (groupe TF1), en 2010-2011. Dans Undercover Boss, quatre serveuses de la chaîne de restauration rapide Hooters, légèrement vêtues, sont mises en compétition par leur responsable, sur le thème «la première qui a terminé de lécher son assiette de flageolets, je lui accorde son après-midi»…, sous les yeux horrifiés du patron de Hooters. Autre différence, dans la version américaine, le PDG de la West Management, une grande entreprise de recyclage de déchets, en immersion, se fait remercier avant la fin de sa période d'essai. Sur M6, même quand le patron-stagiaire est nul, il n'est jamais renvoyé sur le champ.

«De belles histoires de dirigeants»

Patron incognito ne va pas aussi loin. Un choix qu'explique Bibiane Godfroid, directrice générale des programmes de M6: «Avant Patron incognito, nous n'étions jamais parvenus à traiter de la question de l'entreprise. Par exemple, l'émission, The Apprentice, très anglo-saxonne, où des salariés se faisaient licencier sans ménagement, ne serait pas transposable en France.» Cette version, sans doute plus conforme au modèle social français, confond parfois l'univers de l'entreprise avec le monde des Bisounours. D'ailleurs, Virginie Calmels, la présidente d'Endemol, à l'origine de l'adaptation, se sent investie d'une mission très «pro-Medef»: «Je suis très triste que les dirigeants ne se retrouvent jamais dans les classements des personnalités préférées des Français. Il faut réconcilier nos compatriotes avec le mot “patron”. Dans ce programme, nous mettons en avant de belles histoires, de dirigeants qui ont réussi grâce à leur travail et qui aiment profondément leur société.»

Et c'est vrai qu'ils ont l'air bien sympathiques, ces quatre entrepreneurs: Guillaume Richard d'O2, Jean-Claude Puerto, PDG-fondateur du loueur Ucar, Jean-Manuel Bajen, fondateur de la société de BTP Bajen et directeur du Théâtre des variétés, Nicolas Riché, PDG de A la carte et de Colombus Café.

Et ils ne manquent pas d'autodérision pour se mettre en scène de la sorte. De plus, ils restent assez authentiques, à l'instar de Jean-Claude Puerto, totalement débordé, quand il s'agit d'exercer le métier d'agent de comptoir dans une agence Ucar. Il met quarante-cinq minutes à servir un client contre les dix habituelles. Dur, dur d'être un salarié lambda!

Pour Guillaume Richard, d'O2, participer à l'émission avait un but bien précis: «Revaloriser les métiers des services à la personne, montrer que cela nécessite de vraies compétences, car notre problématique numéro un consiste à trouver les salariés.»

Derrière le divertissement se cache en fait un film militant, sorte de version télévisuelle de «J'aime ma boîte», l'opération annuelle initiée par Sophie de Menton. L'émission aurait pu tout aussi bien s'appeler «J'aime mon boss».

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