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Le Syndicat national des journalistes de Radio France dénonce un malaise persistant chez les journalistes pigistes ou en CDD travaillant pour le groupe.

La rentrée de Radio France, ce sont de nouvelles émissions et un nouveau site Internet lancé par le… Syndicat national des journalistes (SNJ). Pendant cinq jours, le forum de Radioprecaire. com a recueilli les témoignages anonymes de remplaçants qui «tournent» dans les rédactions locales et nationales du groupe radiophonique public, complétant ainsi Le Livre noir de la précarité des journalistes de Radio France, publié par le SNJ en juin. «Être CDD à Radio France, c’est débarquer sur des dossiers qu’on n’a pas suivis, être frustré parce qu’on aimerait mieux faire notre métier», témoigne Soif d’idéal (un pseudo). Un autre précaire compte «875 kilomètres par semaine, 550 euros de salaire par mois et 8 amis chez qui squatter». Un rythme fatigant pour Compagnon du tour de France (autre pseudo): «Faire ses preuves à chaque mission, repartir de zéro chaque jour, chaque semaine, c’est épuisant et stressant.»

Référent accompagnateur

Il faut s’accrocher plusieurs années pour se faire une place dans la Maison Ronde. Diplômé (ou non) d’une école à environ 26 ans, les recrues commencent par des piges (contrat à la journée) dans une ou plusieurs locales. Elles ont deux ans pour postuler au «planning». Ils sont 11 candidats sur 40, lors de la dernière session, à être sélectionnés par le jury pour être «CDD planning»: ils assurent ainsi des remplacements partout en France, souvent pendant les vacances, et sont défrayés, contrairement aux pigistes. Il leur « reste » quatre ans pour obtenir un CDI, comme ce fut le cas pour 19CDD l’an dernier. Sinon, au revoir. Et, pourtant, ce parcours est bien mieux encadré qu’il y a trois ans. Suite à des négociations provoquées par la publication d’un Livre blanc, le SNJ et la direction ont signé un accord le 13 mai 2008 qui fixe les règles du recours aux journalistes occasionnels. Avant, Radio France pouvait faire appel à des pigistes pendant des années et mettre fin à la collaboration du jour au lendemain sans aucune explication. Maintenant, un référent accompagne les 200 précaires (sur 900journalistes). «J’ai rencontré tous les pigistes en octobre 2010 pour établir une feuille de route avec leur rédacteur en chef référent. J’explique clairement le système dès le départ, et je reçois les gens du planning tous les dix-huit mois pour faire un bilan», explique Catherine Charvet, chargée de mission auprès de la direction des ressources humaines (DRH). Depuis son arrivée en 2009, elle a réduit le nombre de places dans le planning (90 au lieu de 130), «pour que tout le monde ait du boulot». Les journalistes disponibles ont tous eu au moins un contrat par mois depuis début 2011 (hormis trois personnes au mois de  janvier, neuf en juin et une en juillet). Les CDD ont désormais droit à des formations, et les piges dans les rédactions nationales ne sont plus réservées aux Parisiens.

Au-dessous du Smic

Reste que la grande majorité des précaires ressent toujours un malaise. «Radio France est une bien belle maison, mais ne nous promet rien si ce n’est 66 euros bruts pour une journée de travail», peut-on lire sur le forum. «Un précaire ne refuse jamais un sujet qu’on lui propose et travaille toujours plus de 8 heures par jour. Il est donc rémunéré en-dessous du Smic», ajoute Valeria Emanuele, secrétaire nationale du SNJ Radio France. Le tarif de la pige augmentera de 3%, mais pas question de revenir sur un système qui permet de «se tester dans les deux sens», mais aussi «d’acquérir une solide culture d’entreprise, car c’est la seule radio qui compte une cinquantaine de rédactions», souligne Catherine Charvet. Le SNJ reconnaît qu’il n’existe pas de solution miracle, mais demande une augmentation du barème de la pige et 70 embauches pour le passage au multimédia. Et songe à de nouvelles formes de mobilisation: «Tout le monde pourrait tomber malade à Noël, par exemple.»

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