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Après la presse magazine à Prisma Presse, la directrice générale de Metro s’est jetée dans la fosse aux lions des quotidiens gratuits.

Les clés de la filiale française de Metro Publications International, elle les a prises fin août 2008, quand Lehman Brothers a mis la sienne sous la porte. À l'aube d'une crise économique et financière sans précédent, pas de quoi désarçonner Sophie Sachnine qui, en tant qu'ancienne directrice de la publicité chez Prisma Presse, sait décrocher in extremis des contrats publicitaires en or. Avec le gratuit Metro, dont les seules recettes proviennent de la publicité, le défi est plus qu'honorable.

Dans un secteur contrôlé en grande partie par les hommes, la maison mère suédoise (TF1 détient une participation minoritaire au capital de Metro France) sait s'entourer de femmes. La patronne des 120 salariés du journal raille cette ouverture d'esprit: «Je suis un peu la touche suédoise», plaisante cette fille d'enseignante qui, à 24 ans, faisait ses premières armes comme responsable médias chez Nestlé.

Si Metro International est venu la chercher, c'est sans doute, «pour mon approche panoramique du secteur, emmagasinée dans les diverses fonctions que j'ai occupées par le passé», explique Sophie Sachnine.

Le style suédois lui va bien. Si son patronyme est russe, la rigueur des Nordiques, dotés d'un sang-froid à toute épreuve, ne lui est pas étrangère. La directrice générale, qui encadre des employés âgés de 29-30 ans en moyenne, est quelquefois jugée froide et distante avec ses ouailles, notamment les journalistes. «Elle peut parfois être maladroite», raconte Martine Elkouby, une ex-collaboratrice de Prisma. Mais elle se souvient aussi qu'à l'époque, son ancienne manager l'a «fait grandir», grâce à un optimisme sans borne, presque totalitaire: «Elle m'a révélé mes capacités et mes compétences.»

Active comme un métronome, Sophie Sachnine se tempère grâce à des expérimentations quotidiennes et à son goût du travail accompli, appris à l'école de commerce (ESCP-EAP) et dans l'environnement familial. «Manager, c'est expérimenter tous les jours pour trouver ce qui marche», lance t-elle, le regard électrisé.

Comme un bon vin 

«Être différent» est son credo, quitte à prendre le large avec le prisme de la presse, qu'elle trouve parfois trop négatif. Face au tempérament gaulois un brin ronchonnant, elle donne le tempo et veut refléter «de la news positive» dans le miroir quotidien de Metro.

Dans sa quête, elle cherche donc «des partenariats vertueux» (WWF, Fondation TF1, opération Eco-emballages), tout en imposant sa vision de l'exécutif: «Je suis contre le management faussement participatif, mais j'accepte la critique», explique-t-elle. Et alors qu'elle a recruté une assistante franco-suédoise en situation de handicap, elle ajoute: «Je gère une entreprise responsable, où chacun doit produire le meilleur de soi.»

Amatrice d'œnologie, elle conçoit son parcours comme le bon vin: se bonifiant avec le temps. «J'ai creusé mon propre sillon», sourit-elle. D'une cadence à l'autre, c'est ainsi que l'on devient directrice générale de la filiale française d'un titre qui revendique aujourd'hui 17 millions de lecteurs quotidiens au niveau mondial.

 

1990. Responsable média presse chez Nestlé France.
1994. Directrice de la publicité de Géo et de Ça m'intéresse chez Prisma Presse.
2000. Directrice d'édition du pôle féminin.

2006. Éditrice déléguée du pôle économique.

2008. Directrice générale des Publications Metro France.

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